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En toute modestie

Le Musée international des arts modestes fête ses dix ans à Sète 1 ligne

Par Julie Portier · Le Journal des Arts

Le 15 février 2011 - 476 mots

SÈTE - En 2000, contre vents et marées, les artistes Hervé Di Rosa et Bernard Belluc donnaient naissance, à Sète (Hérault), au Musée international des arts modestes (MIAM).

Le succès de cet ovni muséal, dont le rayonnement se traduit par de nombreux partenariats avec d’autres institutions, invite à le reconsidérer dans le paysage culturel, en dépassant les a priori d’une partie des spécialistes. Car le projet hérite d’une intuition qui pourrait être la base d’une théorie plutôt éclairante en regard de la création très contemporaine. Le peintre de la Figuration libre Hervé Di Rosa formule le concept d’art modeste dans les années 1980 – le terme, dit-il, était un contrepoint aux excès prétentieux du marché de l’art – pour qualifier toutes les productions visuelles, dites mineures, qui ont formé son regard d’artiste autant que les œuvres des musées, qu’il a par ailleurs d’abord rencontrées dans les publications grand public. L’idée rejoint la conception de la culture énoncée par les penseurs de la postmodernité : un champ indifférencié d’images, omniprésentes et librement disponibles. Cette utilisation, et maintenant cette revendication de sources non-hiérarchisées, est caractéristique de nombreux artistes contemporains qui ont aboli les frontières entre culture savante et populaire. 

Décloisement
C’est ce parti pris de décloisonnement qui est à l’œuvre au MIAM depuis l’origine et qui n’est peut-être pas sans lien avec l’assouplissement des catégories qui s’observe, par exemple, au Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut (LaM). Partant du postulat désormais admis que la culture visuelle est, à l’heure de la diffusion de masse, une chose commune à tous, l’originalité du MIAM est peut-être de considérer les autodidactes et autres outsiders de l’art qu’elle génère. Où ailleurs qu’au MIAM peut-on être subjugué par la minutie des peintures de Marcel Storr, cantonnier de son état ? Ou encore déchiffrer les messages poétiques contenus sur les Paños, ces mouchoirs peints par les détenus hispaniques dans les prisons américaines (en ce moment exposés au MIAM) ?
Il apparaît cependant urgent de redéfinir cette notion afin d’éviter l’écueil du fourre-tout que peut inspirer une muséographie qui, en refusant de se plier aux codes institués, confine à l’achalandage de fête foraine. Car l’art modeste peine à définir ses frontières en débordant sur les territoires de l’art brut, l’art populaire ou l’ethnologie. Enfin, son fondateur devra dissiper la pollution notable du concept par les artistes et amis qui gravitent autour du musée, à l’instar du musicien Pascal Comelade qui, invité de France Culture le 18 janvier pour les 10 ans du MIAM, affichait un anti-intellectualisme décomplexé et douteux. Ni parent pauvre, ni cousin désinvolte de l’art, l’art modeste pourrait ouvrir la voie à une conception rafraîchissante d’un art, fruit d’un besoin inutile et vital pratiqué par tous.

MUSÉE INTERNATIONAL DES ARTS MODESTES,

23, quai Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, 34200 Sète, tél. 04 99 04 76 44, www.miam.org tlj sauf lundi 10h-12h et 14h-18h

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°341 du 18 février 2011, avec le titre suivant : En toute modestie

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