Musée

Des Hollandais pour Washington

La National Gallery comble ses manques

Par Paul Jeromack · Le Journal des Arts

Le 1 novembre 1996 - 431 mots

Peu active durant de longues années, la National Gallery de Washington est depuis un an devenue le plus important acheteur de maîtres anciens hollandais de tous les musées américains.

WASHINGTON. "Quand je suis arrivé au musée en 1974, nous n’avions que quelques natures mortes de Jan Davidsz de Heem et de Willem Kalf, déclare Arthur Whee­lock, conservateur du département des Peintures hollandaises et flamandes du XVIIe siècle à la National Gallery de Washington. La plupart des musées américains ne possèdent pas de natures mortes hollandaises. Ou bien les précédentes générations de conservateurs et de directeurs de musées jugeaient qu’elles étaient trop décoratives pour être considérées comme de véritables œuvres d’art, ou elles ne correspondaient pas à l’idée qu’ils se faisaient du goût des protestants hollandais. Cette tradition a longtemps prévalu à la National Gallery, j’essaie lentement de changer les choses. Nous n’avons toujours pas de Pieter Claesz et je cherche de bonnes natures mortes italiennes." Pour preuve de cette volonté de changement, les quatre tableaux de maîtres anciens, dont trois natures mortes, que le musée vient récemment d’acquérir.

Rare inscription en or
Seul tableau avec des personnages, Adam et Ève, d’Hendrick Goltzius, a été enlevé pour 1,4 million de dollars chez Christie’s New York au mois de mai, par l’intermédiaire de Bob Habolt. Une Nature morte aux huîtres et sucreries, par Osias Bert l’Ancien, a été acquise auprès de Johnny Van Haften, qui l’avait lui-même achetée chez Sotheby’s en juillet 1994 pour 670 000 livres. Un précieux Vase de fleurs d’Ambrosius Boschaert, peint sur cuivre, a été acheté au printemps au marchand londonien Anthony Speelman, pour une somme non communiquée. Monogrammé et daté de 1631, l’année de la mort de l’artiste, il porte une rare inscription en or sur une plaque bleue : "La main angélique du grand peintre de fleurs Ambrosius, célèbre au-delà des rives de la mort".

Enfin, un somptueux Jan van Huysum, Fleurs dans un vase de pierre, a été payé environ 4 millions de dollars (20 millions de francs) au marchand new-yorkais Otto Naumann. En excellent état de conservation, ce tableau provient de la collection Rothschild, à Vienne. La National Gallery possède déjà une nature morte de fleurs par Van Huysum, achetée en 1977, mais celle-ci est exposée dans la section des Period Rooms, dans la salle qui reconstitue un intérieur hollandais de l’époque, "en raison de sa palette très claire, très XVIIe siècle". "En revanche, notre nouveau tableau de Van Huysum, bien qu’exécuté au XVIIIe siècle, appartient encore au XVIIe siècle et a tout à fait sa place à côté du de Heem", affirme Arthur Wheelock.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°30 du 1 novembre 1996, avec le titre suivant : Des Hollandais pour Washington

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