Assise

Des fresques sous surveillance

Le contrôle et l’entretien des fresques de la basilique Saint-François

Le Journal des Arts

Le 1 février 1995 - 573 mots

Les conditions de conservation du patrimoine artistique italien se sont considérablement dégradées depuis une trentaine d’années. L’Institut central de restauration italien se plaint du manque de crédits qui engendre des situations préoccupantes. Comme à Assise, où l’Institut mène depuis quatre ans une campagne de contrôle et d’entretien des fresques de la basilique Saint-François.

ASSISE - En 1989, l’Institut central de restauration a effectué une première étude des fresques de la basilique Saint-François à Assise. En prélevant des échantillons des peintures dans les deux basiliques – inférieure et supérieure –, on a pu calculer le temps et les dépenses nécessaires à une opération de contrôle et d’entretien de l’ensemble : un coût prévisionnel évalué à 300 millions de lires (environ 1 million de francs).

En 1990, l’inspection a été étendue aux parties ayant fait l’objet de campagnes de restauration au lendemain de la guerre, les vitraux en particulier. Depuis 1991, malgré l’absence de mécènes pour aider l’Ombrie à supporter cette charge, qu’elle ne peut assumer en totalité, l’Institut central de restauration a commencé une campagne de contrôles systématiques et d’interventions ponctuelles sur certaines parties des fresques murales.

Ce programme a été établi en tenant compte du temps écoulé depuis la dernière opération de restauration complète, de l’état de conservation des parties restaurées, des besoins du culte dans la basilique, et évidemment de la disponibilité des fonds.

Les contrôles ont porté sur les scènes de la vie de saint François peintes par Giotto dans la basilique supérieure, la chapelle de Saint-Martin, le transept de la basilique inférieure, la chapelle de Saint-Nicolas. L’état de conservation est généralement bon, sauf dans la partie haute de la chapelle de Saint-Nicolas et dans certaines scènes de la vie de saint François, abîmées en partie ou en totalité.

4,5 millions de visiteurs
Afin d’endiguer, en amont, la dégradation, on a également pris en compte l’adéquation du milieu dans lequel l’œuvre est placée. À cette fin, une collaboration a été relancée avec le CNR de Rome (Centre d’études sur les causes de dégradation et les méthodes de conservation des œuvres d’art), qui avait effectué des études à la fin des années soixante-dix.

On avait alors opté pour des interventions locales "passives", plutôt que pour des installations difficiles à mettre en place, et coûteuses à gérer et à entretenir. Dans cette optique, un système rudimentaire contrôle l’atmosphère de l’édifice aux entrées de la basilique supérieure et comptabilise les visiteurs (estimés à 4,5 millions par an). Au-delà d’un certain nombre, une alarme se déclenche et un contrôle s’exerce alors pour réguler le flux des entrées et des sorties.

Des dépenses nécessaires
Il est à présent communément admis que depuis la Seconde Guerre mondiale, et particulièrement ces trente dernières années, les conditions de conservation du patrimoine artistique italien se sont de plus en plus rapidement dégradées. Cet état de fait est dû en grande partie à l’aggravation de la pollution, et à l’insuffisance des mesures conservatoires prises par les organismes publics de tutelle qui, faute de crédits, tardent à engager les dépenses nécessaires.

On éprouve rarement le besoin d’approfondir ce constat, pour évaluer par exemple les conséquences du manque de personnel – en quantité et en qualité – apte à mettre en œuvre, contrôler et coordonner les opérations de conservation et de restauration. En outre, la disparition des habitudes séculaires d’entretien du patrimoine a été largement sous-évaluée, comme le démontrent les tentatives qui essaient d’y remédier en sauvant les métiers liés à l’entretien des monuments historiques.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°11 du 1 février 1995, avec le titre suivant : Des fresques sous surveillance

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