Le Département se désengage des musées du Revermont et du Bugey-Valromey. Les habitants protestent, au nom du maintien d’un service public culturel en milieu rural.
Lochieu, Val-Revermont (Ain). D’un réseau de six musées, le département de l’Ain passera bientôt à quatre. Le 18 avril dernier, Monique Wiel apprend lors d’une réunion que le musée départemental de sa commune devra trouver un autre modèle de gestion : « Le vice-président à la culture et le directeur général des services [DGS] nous ont expliqué qu’ils ne souhaitaient pas fermer le musée, mais se désengager à partir d’octobre. Un coup dur, sur le fond, et sur la forme, puisque nous avons été mis devant le fait accompli », explique la maire de Val-Revermont.
Le Musée du Revermont et le Musée du Bugey-Valromey sont les deux établissements culturels que le Département ne souhaite plus gérer : deux musées d’histoire locale, aux collections évoquant la vie quotidienne, les activités agricoles et le patrimoine vivant de ces deux régions naturelles. « Le Musée du Revermont n’est pas un immense équipement, mais c’est un étendard pour l’identité locale », soutient Léo Goudard, professionnel du patrimoine installé dans ce territoire des contreforts du Jura, à l’initiative d’une pétition pour le maintien du musée dans le giron du Département. « Ce sont deux musées nés d’initiatives associatives, dans le mouvement de la sauvegarde du patrimoine local durant les années 1980, qui ont aujourd’hui un fort ancrage local, notamment pour les jeunes publics et les scolaires. »
Sa pétition réunit désormais plus de 1 700 signatures, et le 1er mai dernier, quelque 300 personnes manifestaient devant le Musée du Revermont pour dénoncer un risque de fermeture définitive : « Ce sont des chiffres qui pour nous sont énormes !, souligne Monique Wiel. Ça nous a montré que nous n’étions pas seuls dans ce combat. » Le Département de l’Ain avait déjà causé l’émoi dans le secteur culturel en annonçant, fin 2024, la suppression d’une subvention au musée-mémorial de la Maison d’Izieu (centre de ressources sur la Seconde Guerre mondiale) : une décision sur laquelle la collectivité était finalement revenue.
« Comme tous les départements, l’Ain est en difficulté financière, rappelle François Genest, DGS du Département. Nous devons trouver 15 millions d’euros d’économies, et nous n’avons pas ciblé particulièrement la culture, toutes les lignes budgétaires ont été mises à l’épreuve. » Décision est prise alors de privilégier les établissements au rayonnement départemental (la Cuivrerie de Cerdon, le Musée des soieries, le Musée de la Résistance, le Domaine des saveurs), et d’abandonner la gestion des musées d’« ampleur locale ».« Notre objectif n’est pas de fermer ces musées, explique François Genest. Nous avons engagé un dialogue avec les intercommunalités, les associations qui voudront s’associer au devenir de ces musées, pour envisager un transfert de gestion. »
L’idée de « rationaliser l’organisation », comme le défendait Jean Deguerry, président (Les Républicains) du conseil départemental, lors de l’assemblée du 5 mai, est mal perçue par les élus locaux. « Le budget de fonctionnement total, avec personnel, s’élève à 250 000 ans par an, ce n’est pas là-dessus que l’on fait de réelles économies, observe la maire de Val-Revermont. Notre intercommunalité, Grand Bourg Agglomération, ne gère pas de musée, et a également ses propres contraintes budgétaires. Et nous, petite commune rurale, n’avons pas les moyens de prendre l’établissement à notre charge. »
Le modèle associatif à l’origine des deux musées est également évoqué par le conseil départemental comme alternative possible : une perspective rejetée par les élus et acteurs locaux, qui souhaitent maintenir une offre de qualité en milieu rural. « Voilà trente ans que le Département développe cette compétence muséale, avec aujourd’hui un sens de la qualité et une expertise des personnels qui est précieuse, constate Léo Goudard. Les expositions du Musée de Revermont, très bien faites, n’ont pas à rougir [par rapport à] ce que l’on voit dans des musées de grandes villes. » Grâce à cette programmation, et aux événements associés au lieu, le Musée de Revermont parvient à attirer quelque 10 000 visiteurs annuels. L’Ain a engagé un travail pour trouver une nouvelle affectation aux dix agents départementaux mobilisés sur ces deux musées. « Nous allons tout faire pour éviter une fermeture sèche, promet le DGS. Mais qu’on le veuille ou non, il faut que l’on se recentre. »
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Dans l’Ain, mobilisations autour de deux musées
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°657 du 6 juin 2025, avec le titre suivant : Dans l’Ain, mobilisations autour de deux musées