Cybèle et trompeuse

Révisions archéologiques au Musée gallo-romain de Lyon

Le Journal des Arts

Le 1 février 1997 - 531 mots

De nouvelles découvertes sur le site archéologique de Fourvière remettent en question son passé religieux. Pourtant, le Musée gallo-romain ne connaîtra pas de réorganisation profonde avant longtemps, car le Conseil général du Rhône, qui vient de financer le Musée archéologique de Saint-Romain-en-Gal, va consacrer ses crédits d’investissement au réaménagement de son Muséum d’histoire naturelle.

LYON (de notre correspondant) - Il aura suffit d’un sondage sur le haut du site de Fourvière pour mettre par terre plus d’un siècle d’hypothèses peu à peu transformées en certitudes : il n’y a pas eu de culte rendu à la déesse orientale Cybèle à Lyon. Les datations réalisées grâce à des céramiques apportent la preuve formelle que les fondations de son pseudo-temple datent en fait de 10 ans après J.-C. et non de 160 ans après J.-C. À cette date, ce culte émergeait à Rome et n’était qu’une secte à peine tolérée. Par conséquent, il ne pouvait, au tout début de notre ère, avoir droit de cité dans le cœur administratif et politique d’une lointaine colonie romaine. "Nous avons aujourd’hui gommé ces affirmations dans les cartels du musée", précise le conservateur Jacques Lasfargues.

Cette campagne de sondages, conduite par Armand Desbat, directeur de recherche au CNRS, a commencé en 1991. Mais elle a été menée avec des moyens très limités, car les fouilles programmées sont moins subventionnées que les fouilles de sauvetage, en partie financées par les constructeurs. Les fouilles ont également permis de montrer que sous ce dernier bâtiment, se trouvait un édifice extrêmement raffiné qui était probablement un prétoire, peut-être la demeure du gouverneur de la ville. Et sous cet édifice encore, ont été retrouvées les traces de la première colonie romaine de Lyon…

Bruyant et mal éclairé
Ces découvertes relancent les questions autour du site de Fourvière, sur lequel on croyait tout savoir : "Il est probable que l’Odéon et le théâtre ont autant à dire mais, pour cela, il faudrait dégager des moyens importants. Or, depuis que la Ville s’est défaussée de ses responsabilités sur le département en lui vendant le site, la situation est au point mort", se désole Armand Desbat.

Le Musée gallo-romain de Lyon présente sur 3 800 m2 des collections issues de fouilles locales et régionales. En 1992, le musée s’est enrichi d’un trésor de statuettes en argent et de bijoux en or trouvé à Vaise. Cependant, la visite du musée laisse un peu sur sa faim, surtout depuis que le Musée archéologique de Saint-Romain-en-Gal a été ouvert : la comparaison entre les divers partis pris architecturaux et muséographiques ne tourne pas vraiment à l’avantage du musée lyonnais. Ce dernier apparaît en effet comme désespérément bruyant, mal éclairé et ne mettant pas les objets en valeur. "Il y a plusieurs choses à revoir", reconnaît d’ailleurs Jacques Lasfargues.

Musée départemental depuis que la Ville de Lyon l’a cédé au Conseil général du Rhône en 1991, le Musée gallo-romain devra néanmoins faire preuve de patience pour son réaménagement. Avant de s’attaquer aux collections archéologiques lyonnaises, le département envisage de rénover le Musée Guimet-Muséum d’histoire naturelle, il est vrai très poussiéreux...

Musée de la civilisation gallo-romaine, du mercredi au dimanche 9h30-12h et 14h-18h, tél. : 04 72 38 81 90.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°33 du 1 février 1997, avec le titre suivant : Cybèle et trompeuse

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