Cratère à colonnettes

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 25 avril 2019 - 450 mots

Grâce au soutien de la Fondation La Marck, la collection de vases grecs du Musée du Louvre vient de s’enrichir d’un majestueux cratère attique qui se distingue par son iconographie singulière.
Kélébé
À l’époque classique, la forme de vase la plus souvent utilisée pour les scènes de centauromachie est, comme ici, le cratère à colonnettes dit kélébé.Grâce au soutien de la Fondation La Marck, la collection de vases grecs du Musée du Louvre vient de s’enrichir d’un majestueux cratère attique qui se distingue par son iconographie singulière.
Kaineus
Kainis, fille du roi lapithe Elatos, est violée par Poséidon qui, pour prix de son plaisir, lui accorde un vœu, celui de devenir un homme invulnérable. Une fois la transformation opérée, Kainis, devenue Kaineus, exige qu’on lui rende les honneurs divins, ce que réprouve Zeus qui le punit en dépêchant contre lui les centaures. Ces derniers, ne pouvant lui ôter la vie, l’assaillent de troncs de sapins et de rochers jusqu’à l’ensevelir vivant dans le sol.
450-440 av. J.-C.
Le décor du cratère est attribué au Peintre du Symposium du Louvre, dont le musée possède le vase éponyme à partir duquel John Beazley regroupa, au début des années 1960, les vases du même style. L’auteur anonyme, actif à Athènes au milieu du Ve siècle av. J.-C., développe autour du vase un dessin dont la monumentalité tente de rivaliser avec les autres arts contemporains, comme l’architecture et la sculpture, la référence suprême à l’époque étant les frises du Parthénon.
Centauromachie
On appelle centauromachie les scènes de combat où s’illustrent les centaures réputés pour leur tempérament belliqueux. Le musée possédait déjà trois vases représentant le même sujet, mais la version du Peintre du Symposium du Louvre est sans équivalent. Ce dernier dessine le centaure de gauche en hoplite, avec casque et bouclier d’ordinaire réservés à ses adversaires, les Lapithes, dont l’invulnérable Kaineus situé au centre de la composition. Pour Anne Coulié, conservatrice à l’origine de cette acquisition, « ce détail iconographique fait de ce vase un unicum. Un examen de visu de la pièce m’a permis de vérifier que le dessin des armes hoplitiques du centaure est bien antique et qu’il ne s’agit pas d’une intervention saugrenue d’un restaurateur moderne. »
71 500 €
Le 21 janvier, l’État préemptait pour le compte du Musée du Louvre ce cratère attique pour la somme de 71 500 euros, frais inclus, une somme réunie grâce au soutien de la Fondation La Marck. Le vase, conservé en collection particulière depuis au moins les années 1960, a été mis en vente par Pierre Bergé & Associés auprès de qui le Louvre s’était déjà porté acquéreur, en 2018, des deux amphores attribuées au Groupe de Léagros, l’autre enrichissement majeur du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°723 du 1 mai 2019, avec le titre suivant : Cratère à colonnettes

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