Coupes claires à Berlin

Le budget de la culture dans la capitale revu à la baisse

Le Journal des Arts

Le 3 mai 2002 - 529 mots

Conséquence des difficultés financières qu’affronte une banque berlinoise, l’administration chargée
du financement de la culture dans la capitale allemande s’apprête à réduire les budgets de façon drastique. Les directeurs de plusieurs institutions particulièrement visées s’insurgent face à ce retournement de situation.

BERLIN (de notre correspondante) - En avril, le conseil pour la Culture et la Recherche scientifique de Berlin (Kultursenat für Forschung und Kultur) s’est vu contraint de réduire systématiquement les financements destinés à la culture et aux musées. Ces réductions qui se feront dans le cadre des coupes des dépenses publiques de la ville, annoncées par le nouveau gouvernement de coalition SPD-PDS, sont le résultat d’une crise due au trou financier de la banque d’économie mixte Bankgesellschaft Berlin. Thomas Flierl (PDS), nouveau conseiller à la Culture du Land de Berlin, a qualifié les coupes de mesures impératives et urgentes qui, selon lui, ne compromettront ni la vie culturelle de la cité, ni la survie des institutions concernées. En effet, le conseil prévoit d’économiser environ 170 millions d’euros dès 2003.

Beaucoup craignaient que l’un des trois opéras de la ville ne pâtisse de cette situation ; or, il a été annoncé qu’en aucun cas ils ne seraient fermés.

En revanche, le Land de Berlin a notifié qu’il se retirait du financement de la restructuration de l’île des Musées. Si cela devait se produire, le ministre fédéral de la Culture Julian Nida-Rümelin, à l’origine du nouvel institut “Bundeskulturstiftung” et partisan de la gestion de la culture à un niveau national, a garanti que le gouvernement soutiendrait ce projet qui doit voir le jour vers 2010. Julian Nida-Rümelin et Thomas Flierl se rencontreront bientôt pour régler les questions du financement et des différentes attributions. En attendant, les quotidiens allemands ont annoncé que le gouvernement de Berlin avait décidé de sauver la Bankgesellschaft Berlin de la faillite en instaurant une caution de garantie de 21,6 milliards d’euros. Les coupes claires pratiquées par Thomas Flierl ont remis en cause trois grandes institutions berlinoises d’art contemporain : le Kunst-Werke (KW), un centre d’art contemporain affilié au PS1 et au MoMA de New York ; le Podewil, consacré aux arts plastiques, à la musique, au théâtre, à la danse et aux films numériques, et le Kuenstlerhaus Bethanien, un lieu d’expositions associé au célèbre programme d’artistes en résidence. Les réductions annoncées par Thomas Flierl – environ 20 % des sommes allouées jusqu’à présent – représentent quelque 100 000 euros de moins pour le KW et pour le Bethanien. À terme, certaines de leurs activités risquent d’être suspendues car les dépenses courantes ne seront pas couvertes. “Le gouvernement nous a rebattu les oreilles avec des discours présentant Berlin comme une métropole culturelle européenne, une cité des sciences, s’indigne Christoph Tannert, directeur du Kuenstlerhaus Bethanien, et maintenant il fait tout pour ravager le terreau culturel qu’il a créé dans la ville, ainsi que les avancées de l’art contemporain. Ils disent que Berlin est déjà assez intéressante comme ça, que les artistes viendront quand même et qu’ils n’ont pas besoin de financement.” En avril, Thomas Flierl a rencontré personnellement les “victimes” des coupes annoncées et a envisagé de reconsidérer celles-ci pour la survie des programmes culturels de ces institutions.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°148 du 3 mai 2002, avec le titre suivant : Coupes claires à Berlin

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