Bellotto fuit l’Italie

Malgré une procédure de classement autoritaire

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1996 - 382 mots

Un tableau de Bernardo Bellotto a été classé par la Surintendance des biens artistiques et historiques alors qu’il bénéficiait d’une autorisation d’importation temporaire en Italie. Par chance pour son propriétaire, représenté par l’antiquaire anglais Patrick Matthiesen, l’œuvre était déjà retournée en Grande-Bretagne.

MILAN - En raison d’un manque chronique de crédits, les musées et surintendances de la Péninsule ont souvent laissé échapper l’occasion d’acquérir des pièces importantes du patrimoine italien. Mais récemment, ils ont tenté de retenir en Italie une œuvre qui bénéficiait pourtant d’une autorisation d’importation temporaire.

Les organisateurs de l’exposition Luca Carlevarijs et le paysage vénitien, qui s’est tenue à Padoue l’année dernière, souhaitaient exposer la peinture de Bernardo Bellotto, Le palais des Juris­consultes et le nouveau Broletto à Milan. Cette œuvre, réalisée en 1744 pour le prince Antonio Maria Melzi, se trouve à peu près depuis cette date en Angleterre, ainsi que l’attestent différents documents sur ses transferts de propriété successifs.

Ceux-ci sont par ailleurs parfaitement connus de la Surintendance de Milan, qui les mentionne tous scrupuleusement dans un rapport historique et artistique rédigé en 1992. Agissant pour le compte du propriétaire de l’œuvre, l’antiquaire anglais Patrick Matthiesen s’était procuré l’autorisation d’importation temporaire requise pour la participation du tableau à l’exposition de Padoue. Une fois l’exposition terminée, le marchand fit prolonger l’autorisation de cinq ans pour laisser à une banque milanaise, qui s’était portée acquéreur du tableau, le temps de rassembler la somme nécessaire à son achat.

Mais le 22 novembre 1995, la galerie Salamon, où le tableau avait été un temps exposé, reçut un avis de classement de la Surintendance. Celle-ci souhaitait conserver l’œuvre en Italie, compte tenu de son importance artistique et historique. Ce tableau est en effet l’une des trois seules vues de Milan que l’on connaisse de Bellotto, témoignage de son séjour en Lombardie en 1744. Par chance, Patrick Matthiesen avait déjà remporté la toile en Angleterre.

La notification est tombée en application de la loi 1089/1939, qui permet de retenir sur le territoire italien toute œuvre d’art sous le coup d’une autorisation d’importation temporaire. Il est à craindre que les prêts de tableaux italiens pour les expositions organisée en Italie s’en ressentent. Déjà, un autre antiquaire anglais, Richard Feigen, aurait gelé le prêt de plusieurs Domenichino qui devaient être exposés à Rome cette année.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°21 du 1 janvier 1996, avec le titre suivant : Bellotto fuit l’Italie

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque