Patrimoine - Unesco

Au Togo, les maisons du Koutammakou menacées par la modernisation

Par Louise Wagon · lejournaldesarts.fr

Le 5 juin 2023 - 443 mots

TOGO

Le site, sur la liste de l’Unesco, est tiraillé entre la volonté de préserver l’héritage et le désir de confort des habitants.

Takienta-Koutammakou-Togo. © Kalyss, 2021, CC BY-SA 4.0
Takienta, maison traditionnelle du Koutammakou, Togo.
© Kalyss, 2021.

La région du Koutammakou au Togo, qui s’étend sur des dizaines de milliers d’hectares depuis la rivière Kéran pour déborder sur le Bénin, abrite des centaines de maisons-tour avec un aspect défensif, en terre crue, appelées takienta (ou sikien en ditammari, la langue locale), qui ont été construites par des éleveurs-agriculteurs aux fortes traditions guerrières, les Batammariba. 

En 2018, les 50 000 hectares qui constituent la partie togolaise du Koutammakou comptaient 1 800 takienta. Mais deux ans plus tard, une centaine avait disparu et ce nombre ne cesse d’accroître, selon le ministère de la Culture togolais. 

Pourtant, ces takienta ont été classés au patrimoine mondial de l’Unesco en 2014. Un label « paysage culturel vivant » qui a fait du Koutammakou et du mode de vie de ses habitants, le premier site classé du Togo. 

Cette disparition progressive des maisons caractéristiques du Koutammakou s’explique par les diverses menaces auxquelles la région fait face, dont la raréfaction des ressources, la concurrence de l’urbanisation et les aspirations des populations à une vie plus moderne. La directrice de l’aménagement et du développement touristique au ministère de la Culture explique que « depuis le début des années 2010, il y a eu une augmentation du nombre de constructions en dur dans la région. L’Etat est chargé de mettre en place des garanties pour protéger l’environnement, mais les populations qui préfèrent un mode de vie plus moderne ne sont pas tenues d’accepter ce statut patrimonial »

Afin de concilier modernité et préservation du patrimoine, l’Etat préconise la construction d’infrastructures modernes à proximité de la ville de Nadoba, à l’est du site, tout en encourageant la construction et l’entretien des takienta, notamment en assurant la transmission des techniques architecturales et en réintroduisant les matériaux nécessaires. 

Pour cela, Lomé entend soutenir les entreprises locales chargées de réintroduire certaines essences de bois nécessaires à la construction de la charpente des édifices, qui ont disparu progressivement à cause de la coupe dérégulée opérée pour la fabrication du charbon. Pour ce faire, un plan estimé à 3 milliards de Francs CFA (4,5 millions d’euros) a été établi. 

Pour inciter les touristes à revenir dans la région, la construction d’une infrastructure hôtelière d’une trentaine de chambres et de bungalows rappelant les édifices en terre crue, ainsi que l’aménagement de circuits pédestres, devrait commencer avant 2025. Cependant, ce projet sur trois ans est menacé par la recrudescence des attaques terroristes dans la région. En effet, le Togo, situé à une centaine de kilomètres de la frontière avec le Burkina Faso, subit les assauts croissants de groupes armés venus du Sahel. 
 

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