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Art russe controversé : une directrice de musée belge suspendue de ses fonctions

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 9 mars 2018 - 455 mots

GAND / BELGIQUE

La directrice du musée des Beaux-Arts de Gand, en Belgique, a été suspendue de ses fonctions par la ville, qui lui a retiré sa confiance après l'exposition dans ce musée d'oeuvres d'art russes issues d'une collection très controversée.

Le musée des Beaux-Arts de Gand, Belgique
Le musée des Beaux-Arts de Gand, Belgique
Photo Ludosane, 2013

La suspension de Catherine de Zegher a été décidée mercredi soir par l'organisme qui chapeaute les musées municipaux de Gand, a précisé jeudi à l'AFP le cabinet de l'échevine (adjointe) à la Culture, Annelies Storms. "Le conseil d'administration (de cet organisme) manque actuellement de confiance en Mme De Zegher et souhaite que la sérénité puisse revenir au musée", ont justifié dans un communiqué les services de Mme Storms, qui siège au sein de ce CA. La mise à l'écart de Mme De Zegher est temporaire, est-il précisé, "jusqu'à ce que soient connus les résultats de l'audit externe" qui portera sur les oeuvres controversées.

Il s'agit du dernier rebondissement en date dans ce qui est devenue en Belgique "l'affaire Igor Toporovski", du nom d'un collectionneur belgo-russe établi à Bruxelles, spécialisé dans l'avant-garde russe, mais qui est controversé dans le milieu de l'art. A la mi-janvier, un groupe d'historiens de l'art avait mis en cause l'origine "hautement discutable" de 26 oeuvres issues de sa collection -signées Malevitch, Kandinsky ou Gontcharova-, intégrées depuis quelques mois au fond du musée des Beaux-Arts (MSK) de Gand. Leur lettre ouverte, relayée par plusieurs médias, avait eu de l'écho jusqu'en Russie. Des responsables de grands musées du pays, interrogés par l'AFP à Moscou, ont jugé le MSK très imprudent d'avoir accepté d'exposer des tableaux pour certains "clairement faux"

Les experts jugent l'avant-garde russe, un mouvement artistique s'étendant de 1890 à 1930, particulièrement exposée à la contrefaçon. Les oeuvres dont l'authenticité est sujette au doute ont d'abord été retirées provisoirement du musée de Gand en vue d'une expertise. Puis elles ont été remballées pour de bon fin février, lorsque le contrat de prêt avec la fondation de M. Toporovski a été rompu.

Le faux pas de la directrice est intervenu lundi soir quand elle a dû s'expliquer devant des élus et responsables culturels de la ville de Gand, son employeur. En remontant la genèse du projet d'exposition avec Igor Toporovski, Mme de Zegher a assuré avoir consulté "deux expertes externes" de l'art russe, qu'elle a nommément citées. Or aucune d'elles n'a jamais été sollicitée par la directrice, comme l'a révélé mercredi le journal flamand De Standaard après les avoir interrogées.

Catherine de Zegher, né aux Pays-Bas en avril 1955, dirigeait depuis quatre ans le MSK (Museum voor Schone Kunsten) de Gand, musée parmi les plus réputés de Belgique. Elle avait travaillé auparavant comme directrice artistique de la Biennale de Sydney en Australie (2010-2011), après avoir notamment dirigé le Drawing Center de New York (1999-2006).
 

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