Alfred Stevens - La Consolation

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 17 novembre 2015 - 410 mots

Le Musée d’Ixelles, qui ne possédait qu’un tableau mineur d’Alfred Stevens,
vient de se porter acquéreur de l’œuvre éminente de l’artiste belge qui manquait
à ses collections. par Bertrand Dumas

Condoléances
Parmi les scènes de genre que consacre Stevens à la haute société de son temps, le thème du veuvage apparaît à plusieurs reprises et sous différentes formes. Celle acquise par le musée réunit trois femmes endeuillées. Deux d’entre elles portent l’habit noir de circonstance quand la plus jeune est vêtue de blanc. La bague que cette dernière porte à son doigt laisse à penser qu’elle est la fiancée du défunt. Suivant cette hypothèse, elle consolerait la mère du trépassé dont elle serre la main droite, avec le mouchoir blanc, les motifs centraux de la composition.

Second Empire
La couleur du mobilier de style Louis XV répond aux boiseries dorées tendues de soierie jaune. Sur la droite, pointe la bordure d’une tapisserie ancienne, sans doute des Flandres. Ce luxe est celui des intérieurs bourgeois parisiens du Second Empire dont Stevens fut l’un des chroniqueurs les plus appréciés. 

140 000 €
Alfred Stevens est enfin dignement représenté au musée par cet achat entièrement financé par la ville d’Ixelles. Provenant d’une collection privée, le tableau fut acheté par l’intermédiaire de la galerie Patrick Derom (Bruxelles).

Alfred Stevens
Après une première formation bruxelloise auprès de Navez, Stevens, né en 1823,  s’inscrit à l’École des beaux-arts de Paris en 1844. Suivant les conseils de Camille Roqueplan, le peintre belge s’installe définitivement dans la capitale française en 1855. Cette année-là, son envoi à l’Exposition universelle le fait remarquer de Napoléon III qui le prend dès lors sous sa protection. Le patronage impérial lui ouvre grand les portes de la haute société parisienne dont il fut l’un des portraitistes attitrés. Tenté par l’impressionnisme au contact de ses amis Manet et Morisot, Stevens revient rapidement à ce qu’il sait le mieux faire : traduire l’atmosphère feutrée des boudoirs et peindre les tenues chatoyantes des Parisiennes avec une précision telle qu’elle lui valut le surnom de Gérard ter Borch du XIXe siècle.  

1857
Pour ce tableau, ainsi que pour les trois autres exposés à Paris au Salon de 1857,
Stevens remporte une médaille de 2e classe. « Un succès très mérité » pour la critique qui encense La Consolation ou La Visite de condoléances qui fut aussitôt achetée par le collectionneur berlinois Louis Ravené. Depuis, la toile n’avait plus jamais été exposée avant son entrée au Musée d’Ixelles.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°685 du 1 décembre 2015, avec le titre suivant : Alfred Stevens - La Consolation

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque