Air neuf pour l’archéologie

À Madrid, Miguel Angel Elvira prend ses fonctions

Le Journal des Arts

Le 22 septembre 2000 - 600 mots

Ancien conservateur en chef du département de sculpture au Musée du Prado, Miguel Angel Elvira a été nommé directeur du Musée archéologique national à Madrid. Il remplace Marina Chinchilla devenue sous-directrice générale des Musées d’État espagnols. Il s’est entretenu avec notre correspondant sur les évolutions de son musée, et la possible autonomie que celui-ci pourrait acquérir.

Le Musée d’archéologie n’est-il pas un peu daté ?
L’organisation des salles date de plusieurs décennies. Il y a des sections encore très agréables comme celle de l’art égyptien, mais d’autres s’apparentent à de véritables accumulations d’objets. La situation actuelle est vraiment très intéressante : les travaux de la toiture et les autres modifications en cours permettent d’envisager un nouveau plan muséographique.

Croyez-vous que le bâtiment actuel soit adéquat ?
L’idée d’un agrandissement s’imposera. La Bibliothèque nationale est en train de diversifier ses espaces et possède d’autres immeubles. À terme, la meilleure solution est de déménager la Bibliothèque nationale vers un nouvel immeuble comme cela s’est passé à Paris.

Avec le Prado et le Musée de la Reina Sofia, le Musée d’archéologie est la troisième grande institution nationale. Politiquement, il semble pourtant être l’objet de peu d’attention.
Une certaine incurie politique semble avoir régné à ce sujet. Cela a changé radicalement lorsque Marina Chinchilla en a assumé la direction, le ministère a alors commencé à la soutenir.

Quelle importance accordez-vous aux expositions ?
Capitale. De là découle l’importance du mécénat et d’une bonne gestion financière. Les réserves du Musée ne sont pas particulièrement riches et la majorité des pièces importantes sont exposées. Il nous faut avoir recours à de nombreux prêts et donc au ministère. Nous avons aussi des problèmes d’espace malgré une salle d’expositions temporaires assez correcte.

La direction des grands musées semble être de plus en plus souvent confiée à des gestionnaires, au détriment des historiens de l’art.
Un juste milieu serait l’idéal : choisir quelqu’un qui connaisse bien le sujet et qui, en même temps, soit capable de communiquer de l’enthousiasme et de créer une équipe.

Quelles sont vos priorités en tant que directeur ?
En premier lieu, les réserves : ce qui s’y trouve et ce qui peut être exposé. Ensuite, il faudra redistribuer l’espace. L’arrivée de la collection Varez-Fisa a créé un problème dans le département d’art grec, entraînant des répercussions sur les collections voisines. Je préfère un musée organisé pour un visiteur qui ne soit ni un spécialiste, ni un étudiant préparant un concours. Les grandes œuvres d’art et les objets de la vie quotidienne doivent être clairement différenciés.

Combiner la pédagogie et l’esthétique ?
La pédagogie est inséparable du Musée national d’archéologie. Elle y est exemplaire.

Après l’apport de la collection Varez-Fisa, le ministère de la Culture veut-il enrichir la collection du Musée d’archéologie ?
Avec la décentralisation, le Musée a changé sa manière de croître. Avant, il se nourrissait des grandes pièces des différentes fouilles d’Espagne. Cette forme d’enrichissement a complètement cessé. Actuellement, il nous reste seulement les acquisitions, les dations et les fouilles de l’État à l’étranger. Cela nous conduira à devenir non seulement le Musée de l’archéologie espagnole mais aussi celui de l’archéologie en général.

Quelle est votre opinion concernant un réaménagement des collections de l’État ? Croyez-vous que la sculpture classique du Musée du Prado devrait rejoindre le Musée national d’archéologie ?
Honnêtement, la tranquillité du monde des musées nécessite le respect de leurs histoires. Je ne vois donc pas la nécessité de tels déménagements. Il ne faut pas se transformer en rationaliste excessif et penser que toutes les sculptures classiques doivent être au même endroit. La situation actuelle ménage la diversité des musées, leur richesse et l’intérêt de leur visite.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°111 du 22 septembre 2000, avec le titre suivant : Air neuf pour l’archéologie

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