Une ministre en campagne

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 13 septembre 2016 - 338 mots

Sept mois après son arrivée Rue de Valois, Audrey Azoulay est loin de s’être imposée dans l’opinion. Échaudés par la valse des ministres de la Culture, les sondeurs historiques que sont TNS-Sofres et Ipsos ont renoncé à suivre sa cote de popularité, alors que Jack Lang – plus ministre depuis bien longtemps – continue de figurer dans le panel d’Ipsos (43 % d’opinions favorables). Il faut aller consulter un nouveau sondeur – Opinionway – pour trouver trace d’un sondage relatif à l’ex-conseillère de François Hollande (37 % de satisfaits ou très satisfaits). Le contraire eut été étonnant. Le président a nommé une parfaite inconnue et ce n’est pas dans la dernière année de mandat que l’exécutif se lance dans les grandes réformes. Portée par l’élan naturel de son ministère, Audrey Azoulay « fait le job ». Son service de presse rédige les hommages nécrologiques, ses conseillers lui proposent des noms pour les nominations et le Premier ministre est à la manœuvre pour compenser les économies décidées en avril dernier dans le régime des intermittents du spectacle. C’est notamment cette rallonge de 90 millions d’euros qui a évité les grèves dans les festivals de l’été et va permettre d’afficher une hausse du budget de la culture en 2017 de près de 5 %. Un signal envoyé à cette partie remuante du monde de la culture et prescriptrice auprès de l’opinion. La ministre, elle, multiplie les déplacements sur le terrain à la rencontre des décideurs culturels. Elle est en mission commandée, il faut retisser les liens distendus entre François Hollande et le monde de la culture dans la perspective d’une éventuelle candidature de ce dernier à la présidentielle. Finis les pactes culturels avec les villes de Fleur Pellerin (pas assez payants auprès de l’électorat), service minimum sur l’après-vente de la loi création et patrimoine jugée trop technique : priorité est donnée à la « calinothérapie ». Reste un petit caillou sur cette allée fleurie : l’ancienne ministre de la Culture Aurélie Filippetti, qui avait dû accepter des coupes drastiques dans son budget et qui a depuis rejoint l’opposition de gauche à François Hollande.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°463 du 16 septembre 2016, avec le titre suivant : Une ministre en campagne

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