Où sont les stars ?

 La disparition trop rapide d’Yves Klein a doublement desservi l’art contemporain. Son œuvre produite en moins de huit ans laisse présager ce qu’elle aurait pu être avec quelques années de plus. Mais plus encore peut-être, Klein a manqué à la promotion de l’art contemporain auprès du grand public.
Yves Klein avait un talent pour se mettre en scène et attirer l’attention du public. Ce faisant, Klein et ses performances donnaient un visage, de la chair humaine à un art contemporain désincarné, si étranger au public. Les médias d’aujourd’hui auraient adoré ce « bon client ».

Quelle que soit l’opinion que l’on puisse avoir sur leurs œuvres, Picasso, Dali, Warhol, Mathieu ou César, par leur personnalité, leur charisme, leur maniement des médias audiovisuels, ont rapproché le public d’alors avec la création. Les plus de vingt ans se souviennent des excentricités de Dali et de Mathieu, ou du cabotinage de César à la cérémonie de remises des prix cinématographiques.

Qu’en est-il de la scène française aujourd’hui à cet égard ? Le vide. Aucun artiste français vivant n’apparaît à la télévision. Non pas parce qu’il existerait une quelconque fatwa à leur encontre, mais parce que nos artistes ne sont pas médiatiques ou plus sûrement ne veulent pas l’être. On entend bien le contre-argument : « seule l’œuvre compte, la personnalité de l’artiste est secondaire ». C’est en partie exact, la création prime.
Mais reste que des artistes promoteurs, en familiarisant le public avec la création, alimentent un débat sur l’art contemporain qui dynamise toute « la filière » comme disent les économistes. La personnalité de Stark, un habitué des plateaux de télévision, n’est pas pour rien dans la bonne santé du design français.
Et quarante ans après sa disparition, Yves Klein continue à être un des rares Français présents dans les grandes ventes new-yorkaises d’art contemporain.