Église

Éditorial

Notre-Dame, de vaines polémiques

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 17 octobre 2019 - 403 mots

PARIS

Patrimoine. Six mois après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame, les polémiques nées quelques heures seulement après l’extinction du brasier semblent aujourd’hui bien futiles.

La cathédrale Notre-Dame de Paris vu du Pont de l'Archevéché © Photo LudoSane pour Le Journal des Arts, 2019
La cathédrale Notre-Dame de Paris vu du Pont de l'Archevéché.
© Photo LudoSane pour Le Journal des Arts, 2019

La première d’entre elles concernait l’objectif de réouverture de la cathédrale dans cinq ans, annoncé par Emmanuel Macron dans un discours qui se voulait réconfortant. Plusieurs voix s’étaient élevées pour dire qu’il était urgent d’attendre – les mêmes sans doute qui auraient dit l’inverse si le président avait appelé à prendre son temps. Réaliste ou pas, cet objectif a le mérite d’impulser un tempo plus rapide que le rythme habituel de nos grands chantiers. Ce n’est pas du luxe, quand l’on voit aujourd’hui le temps pris par la seule phase de consolidation de la structure. Alors que l’alerte au plomb a suspendu le chantier cet été et qu’elle ralentit les travaux, la mise en place d’étais pour soutenir les arcs-boutants, l’installation d’une couverture provisoire au-dessus de la voûte, jusqu’au démontage de l’échafaudage autour de la flèche détruite, toutes ces opérations se révèlent longues et périlleuses. On parle maintenant d’une situation qui serait stabilisée au mieux à la fin de l’année 2020.

Ces opérations ne sont pas simplement longues, elles sont aussi coûteuses. L’AFP avance le montant de 85 millions d’euros pour la seule phase de consolidation. À ce rythme-là, les 922 millions d’euros promis ou déjà versés par les particuliers ou les grandes fortunes n’y suffiront pas. Que fera alors la Fondation du patrimoine qui avait arrêté en mai la collecte pour Notre-Dame, incitant les donateurs à s’intéresser à d’autres monuments ?

Que dire également des critiques sur les dérogations au Code du patrimoine introduites par la loi pour la restauration et la conservation de la cathédrale ? Combien de réquisitoires, d’effets de manche, en réalité de postures, contre une loi « scélérate » ? Peut-on imaginer un seul instant que la restauration d’un monument parmi les plus connus au monde (et qui va même faire l’objet d’une série télévisée) se fasse en catimini ? Si dérogations il doit y avoir, toute décision sera scrutée par les experts du patrimoine de la planète, à commencer par les quatorze membres du conseil scientifique du futur établissement public chargé des travaux.

Moins vaine est la polémique naissante sur le réaménagement de l’Hôtel-Dieu voisin. Plus qu’à un incubateur d’entreprises, il aurait été préférable de consacrer une partie de la surface démédicalisée à un centre d’interprétation de la cathédrale ou à un musée de l’œuvre.

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°531 du 18 octobre 2019, avec le titre suivant : Notre-Dame, de vaines polémiques

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