Les chantiers de musées se poursuivent

En régions, de nombreux musées de collectivités locales sont engagés dans des chantiers d’ampleur, plus d’une quarantaine selon un décompte du Journal des Arts. Il n’existe pas de statistiques permettant d’identifier une tendance sur le long terme, mais ce chiffre se situe sans doute dans la moyenne haute des quarante dernières années. Si l’on observe un rattrapage post-Covid, le phénomène relève aussi d’une dynamique de fond. Les collectivités locales ont bien compris tous les bénéfices qu’apporte un musée modernisé, tant pour la population locale que pour les touristes. Un tel équipement valorise l’image de la commune et joue un rôle-clé, notamment auprès des publics scolaires. Il constitue aussi un formidable levier de développement urbain, voire de revitalisation des centres-villes.

Cependant, ces chantiers sont longs et complexes, et pas toujours bien compris des administrés. C’est le cas lorsqu’il s’agit de construire des réserves aux normes pour accueillir les collections et libérer ainsi de l’espace. Contrairement à une piscine ou une médiathèque, les habitants n’ont pas d’usage direct des réserves d’un musée.

Ce sont également des projets de plus en plus coûteux et difficiles à financer, qui s’étalent souvent sur plusieurs mandats municipaux. Ils courent ainsi le risque d’être redimensionnés, voire annulés, à la faveur d’un changement de majorité. C’est l’autre enseignement de cette enquête : il ne faut pas prendre pour argent comptant les annonces de rénovation ou d’agrandissement. L’écart est souvent significatif, tant dans le temps que dans la nature des projets, entre les déclarations enthousiastes initiales, le démarrage effectif des travaux et le résultat final. Les élus sont de plus en plus conscients qu’un tel équipement perd une grande partie de son attractivité sans animations ou expositions temporaires de qualité. Or, la programmation pèse sur le budget de fonctionnement, ce qui les rend plus hésitants à s’engager dans des travaux.

En résumé, bonne nouvelle : malgré les contraintes budgétaires, les Villes affichent toujours une forte volonté de moderniser leurs musées. Moins bonne nouvelle : ces projets prennent du temps. Moins, en tout cas, que les nouveaux aménagements du Louvre qu’Emmanuel Macron souhaite voir inaugurés d’ici à 2031. À eux seuls, ces travaux coûtent autant que ceux réunis des 41 musées recensés dans notre enquête.