Spécial Covid-19

Lendemains de fête

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 6 janvier 2021 - 395 mots

Le report sine die de la réouverture des lieux culturels, dans un contexte inquiétant, est une sérieuse déconvenue.

Hyppolite Flandrin, Jeune homme nu assis au bord de la mer, 1836, huile sur toile, 98 x 124 cm, Musée du Louvre. Source photo Wikimedia, licence CC-PD-Mark
Hyppolite Flandrin (1809-1864), Jeune homme nu assis au bord de la mer, 1836, huile sur toile, 98 x 124 cm, Musée du Louvre.
Photo Wikimedia

Covid-19. Le milieu culturel s’est réveillé lundi 4 janvier avec la gueule de bois. Il pensait, avant les fêtes, avoir suffisamment payé son écot à la lutte contre la seconde vague de l’épidémie en supportant un report de la réouverture des théâtres, cinémas et musées le 7 janvier, alors que ces derniers devaient initialement rouvrir le 21 décembre. Las, il lui faut maintenant attendre le… Et bien justement, nouvelle désillusion, aucune date n’est indiquée, aucune conditionnalité du type « un taux de contamination quotidien inférieur à 5 000 cas » n’est annoncée, aucun fanal dans ce brouillard démoralisant.

Alors on s’accroche comme un arapède sur son rocher aux premières campagnes de vaccination qui ont démarré symboliquement avant la fin de l’année. Jusqu’au moment où l’on se rend compte qu’en France, les piqûres n’ont pas quitté le registre symbolique alors que nos voisins vaccinent à tour de bras. Au rythme où l’on inocule l’ARN messager dans l’Hexagone, il va falloir des siècles pour atteindre l’immunité collective.

Comme cadeau de Noël, les négociateurs du Brexit avaient finalement conclu un accord. À force de reports successifs, on s’était installé dans une fausse séparation où rien ne change. Mais à peine l’accord signé, lequel donnait le sentiment que les choses allaient continuer comme avant, les journaux ont commencé à faire l’inventaire des nouvelles contraintes : retour des passeports et des déclarations de douane pour les marchandises en général et les objets d’art en particulier. Et horresco referens, Boris Johnson a laissé fuiter que, peut-être, le Royaume-Uni allait réduire sa fiscalité, ouvrir des ports francs, bref pratiquer une forme de dumping fiscal qui va conforter le marché de l’art outre-Manche alors qu’on espérait profiter du Brexit pour récupérer quelques beaux morceaux.

Et le comble dans cette histoire de gueule de bois de lendemain de fête, c’est qu’il n’y a pas eu de fête ou si peu. Les rassemblements familiaux étaient limités pour Noël et la soirée du 31 s’est passée pour beaucoup devant la télé. Dans nos sociétés occidentales rythmées par la vie du Christ, après la célébration de sa naissance, le nouvel horizon semble être le Vendredi saint (la crucifixion) suivi de la résurrection pascale. À moins qu’il ne faille attendre l’Ascension en mai. La réouverture des lieux culturels est bien un chemin de croix.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°558 du 8 janvier 2021, avec le titre suivant : Lendemains de fête

Tous les articles dans Opinion

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque