Politique culturelle

Éditorial

L’artiste et le public

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 27 février 2020 - 383 mots

Emmanuel Macron est en train de rattraper le retard pris dans la mise en œuvre de son programme culturel.

Le plan Riester pour les artistes-auteurs et le rapport Aurore Bergé sur la démocratisation culturelle répondent à deux engagements jusque-là peu pris en compte.

Le plan Riester n’est pas une surprise car il reprend partiellement le rapport Racine sur la situation économique et sociale des artistes-auteurs. La surprise vient du tempo rapide, comme s’il fallait faire oublier le rapport Tuot sur les résidences d’artistes jamais publié et encore moins suivi d’effets. Pour autant, ce n’est qu’un début. De nombreuses décisions doivent encore être prises par l’exécutif et des négociations menées entre les partenaires, pour améliorer l’accès à la protection sociale et augmenter le revenu de ceux qui vivent du droit d’auteur. Il manque également des mesures pour augmenter « la taille du gâteau » à se partager, c’est-à-dire la consommation culturelle. Face à une surproduction de l’offre qui risque d’être amplifiée par une meilleure protection sociale (qui va attirer encore plus d’artistes-auteurs), il faut inciter les lecteurs à lire davantage, les amateurs de théâtre ou de musique à sortir encore plus, les collectionneurs à acheter plus d’œuvres.

Et ce n’est pas du côté du rapport Bergé que l’on va trouver la solution à court terme. Ce n’est d’ailleurs pas son agenda. Si la députée consacre de nombreuses propositions relatives à l’éducation artistique et culturelle des jeunes, elle s’intéresse aux adultes les moins consommateurs de culture. La nouveauté de son rapport est qu’il prend enfin en compte l’éducation populaire. Timidement certes, mais c’est un début. La frontière entre culture, « Éduc pop » et champ social commence à s’estomper.

La vraie révolution serait de regrouper les différents ministères concernés par ces trois mondes comme on le fait progressivement pour la transition écologique. En somme, un grand ministère de la transition culturelle. En attendant, le ministère de la Culture s’apprête à créer une nouvelle direction qui portera – à son niveau – l’émancipation culturelle.

Mais au fond, tout cela a-t-il un sens ? Oui, répond le chercheur Jean-Miguel Pire qui affirme que le contact désintéressé avec les œuvres, une des pratiques du concept d’otium qu’il veut réhabiliter, permet à chacun de faire courir ses pensées, de prendre de la distance avec soi-même et le monde afin de mieux s’y épanouir.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°540 du 28 février 2020, avec le titre suivant : L’artiste et le public

Tous les articles dans Opinion

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque