Musée

Bénévolat

Engagez-vous ! Engagez-les !

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 10 janvier 2019 - 360 mots

PARIS

Alors qu’aux États-Unis les bénévoles sont très présents dans les musées américains au point d’être indispensables à leur fonctionnement, la situation est loin d’être identique en France.

Bénévolat France
Une visite scolaire au musée des Beaux-Arts de Nancy

Cette singularité, qui peut étonner dans un pays prompt à importer les pratiques anglo-saxonnes, s’explique là où on ne l’attend pas. Elle ne réside pas dans la différence culturelle bien connue qui voudrait que les Américains s’engagent davantage dans la société que les Français. Selon une enquête de l’IFOP en 2016 pour France Bénévolat, 39 % de nos concitoyens sont actuellement engagés dans une activité bénévole (25 % dans une association) et 24 % l’ont été. Bien sûr les structures qui les accueillent sont plus ou moins astreignantes : associations sportives ou récréatives, ONG caritatives, organisations syndicales…

Le monde culturel en général et les musées en particulier sont tout autant des terres d’élection du bénévolat, mais celui-ci s’y exerce en périphérie, pourrait-on dire. Les activités de médiation au bénéfice des populations éloignées des musées s’organisent le plus souvent dans des associations extérieures à l’établissement. Les « Amis des musées » sont les plus proches du cœur des musées, mais ces derniers les tiennent à bonne distance. Il y a bien ici et là, surtout dans des petits lieux, des « Amis » très impliqués dans l’animation voire la gestion, mais ce sont des exceptions, la plupart du temps la carte des « Amis » est une carte d’adhérent offrant des services en échange d’une contribution financière.

Cette mise en lisière du bénévolat tient aux musées eux-mêmes qui voient dans les bénévoles une menace pour l’emploi. Ils préfèrent – non sans hypocrisie – utiliser des stagiaires pour de courtes durées, donc sans réelle efficacité pour le stagiaire et le service qui les accueille, pour ne pas avoir à les payer. Et puis, comme s’en plaignait un conservateur lors d’un colloque : « Que peut-on dire à un bénévole qui a oublié de venir ? ». Comme le montre l’exemple américain, le bénévolat suppose un encadrement professionnel, pourvoyeur d’emplois qualifiés. Au lieu d’attendre des postes hypothétiques pour accélérer le récolement, mieux accueillir le public ou organiser des animations, certains établissements devraient songer à embaucher un responsable du bénévolat et professionnaliser la démarche. Effet de levier garanti.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°514 du 4 janvier 2019, avec le titre suivant : Engagez-vous ! Engagez-les !

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