Politique culturelle

Éditorial

Douce France

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 3 octobre 2020 - 420 mots

FRANCE

Sans être suffisant, le soutien massif de l’Etat au secteur culturel rappelle la situation enviable de la Culture en France. 

Budget. Le moins que l’on puisse dire est que le gouvernement a pris au sérieux la crise dans la culture en injectant 1,16 milliard d’euros de plus dans le budget 2021 de la Rue de Valois. On suspectait l’exécutif de faire un tour de passe budgétaire à l’occasion du projet de loi de finances 2021 (PLF) et de récupérer une grande partie des 2 milliards promis début septembre dans l’enveloppe habituelle du ministère. Ce n’est pas le cas et on peut espérer que le solde du plan de relance – un autre milliard d’euros – soit tout aussi additionnel dans le PLF 2022. Si on ajoute les mesures transversales, les dispositifs pour les intermittents du spectacle, les fonds de secours, c’est une masse très importante qui est mobilisée. Bien plus que ce que la présidence Sarkozy avait donné à la culture après la crise financière de 2008 (+2,6 % en 2009 et +3,9 % en 2010). Ce n’est pas le doublement du budget Lang de 1982, mais il fera date.

Est-ce suffisant pour compenser les dégâts déjà immenses dans le spectacle vivant et l’événementiel (on pense aux foires et salons dans le domaine artistique), alors que la seconde vague de l’épidémie est en train de doucher les espoirs d’une reprise dans ces secteurs ? Non sans doute, il va y avoir de la casse et on ne peut que le regretter.

Mais enfin, regardons ce qui se passe dans les pays anglo-saxons pour trouver matière à consolation. La vie culturelle est presque totalement à l’arrêt à Londres et New York, alors que Paris a retrouvé un peu de couleurs. Aux États-Unis et, dans une moindre mesure, en Angleterre, les musées et théâtres sont largement privés, de sorte qu’avec des ressources commerciales en chute libre, ils sont contraints de se séparer d’une partie de leur personnel. En France, il n’y a pas de « Bridgestone » des musées (du nom de l’usine de pneus à Béthune qui pourrait fermer).

La chance de la culture, notamment le spectacle vivant, est d’abord de savoir se faire entendre grâce à un accès privilégié aux médias. Mais, plus encore, elle peut compter sur son poids économique et ses externalités positives : subventionner des travaux dans un monument historique, par exemple, permet de soutenir les entreprises de restauration. On peut simplement regretter, qu’à l’instar de la transition écologique, il n’y ait pas davantage de mesures nouvelles pour la démocratisation culturelle.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°552 du 2 octobre 2020, avec le titre suivant : Douce France

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