À la découverte de Cima

Par Sophie Flouquet · L'ŒIL

Le 23 avril 2012 - 325 mots

C’est à une première que le Musée du Luxembourg convie les visiteurs : la découverte de la peinture de Cima da Conegliano (1459-1517), peintre vénitien de la fin du XVe siècle et du début du XVIe siècle, dont la vie demeure mal documentée.

Célèbre de son vivant, il n’avait jusqu’à présent fait l’objet d’aucune présentation monographique en France. Une trentaine de ses peintures, dont de grands tableaux d’autel jamais présentés hors d’Italie, sont ici réunies pour cette rare exposition, orchestrée par l’historien de l’art Giovanni Carlo
Federico Villa, professeur à l’université de Bergame.

Né dans le village de Conegliano, au pied des Dolomites, c’est sur la lagune que Cima connaîtra le succès. Cela alors que les talents y sont déjà nombreux, avec Carpaccio ou les Vivarini. Influencé par la lumière du maître Giovanni Bellini, son aîné d’une vingtaine d’années, Cima excelle dans l’art sacré, peignant de nombreux grands retables, mais aussi une série de Vierges à l’Enfant et de panneaux figurant saint Jérôme, œuvres de dévotion privée. Sa capacité à innover, inscrivant les grandes conversations sacrées dans des paysages réalistes et lumineux, mais aussi sa virtuosité technique furent le gage de sa réussite.

Les analyses de ses tableaux ont souvent révélé la présence fréquente de dessins sous-jacents d’une extrême minutie, associés à une grande maîtrise des mélanges de pigments. En témoigne le bleu lumineux du vêtement du saisissant Christ couronné d’épines (National Gallery de Londres), au cadrage resserré comme le fera plus tard Lorenzo Lotto.

Dans l’esprit de son temps, Cima s’est aussi adonné à des sujets profanes mythologiques, peints sur des panneaux de cassoni, ces coffres de mariage très prisés de l’élite. C’est donc à la découverte d’un artiste clé de l’évolution de la peinture vénitienne, jalon entre l’art des Bellini et la révolution du coloris, que nous invite cette exposition. À ne pas manquer.

Information

« Cima da Conegliano, maître de la Renaissance vénitienne », Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard, Paris-6e, www.museeduluxembourg.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°646 du 1 mai 2012, avec le titre suivant : À la découverte de Cima

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