Centre d’art contemporain, Chamarande (91)

Hugues Reip

L’enchanteur

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 22 décembre 2009 - 386 mots

Entre cabinet de curiosités et muséum d’histoire naturelle, l’exposition d’Hugues Reip au château de Chamarande est un véritable hymne à la nature.

Non seulement l’artiste a tenu compte du cadre environnemental qui fait tout le charme du site, mais il s’est appliqué à en restituer l’esprit des lieux en évitant toute littéralité. « Je n’ai pas forcément cherché l’intégration, mais tenté de définir des résonances entre les salles. »

À l’appui du tableau d’Hubert Robert qui accueille le visiteur dès son entrée au château, Hugues Reip a conçu comme une sorte de parcours tout à la fois poétique, fantastique et ludique à la découverte d’un monde vrillé et irrationnel l’entraînant de l’autre côté d’un miroir imprévisible. Intitulée tout simplement « Le château », son exposition décline une série de travaux – dont une grande part a été spécifiquement produite pour l’occasion – qui en appellent aux moyens plastiques les plus divers. Sculptures, photographies, vidéos, installations, assemblages, etc., Reip explore tous les possibles, excellant à trouver chaque fois la réponse juste au propos qu’il veut mettre en forme.

Ici, il plante au beau milieu d’un salon style XVIIe le monumental bec en plâtre d’un toucan  ; là, il recouvre d’un film numérique au motif de vues macroscopiques de minéraux les grandes glaces qui trônent au-dessus des cheminées. Ici, il installe sur les rayons de la bibliothèque les découpes fragilisées d’un paysage miniature  ; là, il fait valser un lot de sculptures en plâtre aux allures de pistils primaires. Des champignons poussent à l’intérieur des pages d’un livre, une limace traîne sa bave sur les branches mortes d’un arbre, tout un monde de petits animalcules aimantés compose un vibrant hommage à Öyvind Fahlström (feu un merveilleux peintre, écrivain et poète suédois, avantageusement représenté dans la donation Cordier au Musée national d’art moderne).

Le monde d’Hugues Reip est totalement décalé et c’est cela qui fait son enchantement. Dans la grande tradition livresque d’un Jonathan Swift, plastique d’un Max Ernst, cinématographique d’un Miyazaki. Invitation à la réflexion sur notre rapport à la nature et notre comportement à son égard, son exposition au château de Chamarande est une façon réjouie de nous rappeler aussi à notre propre et humble condition.

« Hugues Reip. Le château », domaine départemental de Chamarande, Centre d’art contemporain, 38, rue du Commandant-Arnoux, Chamarande (91),
www.chamarande.essonne.fr, jusqu’au 7 février 2010.

Légende photo

Hugues Reip - Deep night music (Hommage à Oyvind Fahlstrom) - Illustrations sur aimants/tôlt peinte - site internet de l'exposition : www.chamarande.essonne.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°620 du 1 janvier 2010, avec le titre suivant : Hugues Reip

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