Musée

1981 : L’exposition « Paris-Paris » au Centre Georges Pompidou

En France, quel fait artistique marquant (exposition, artiste, œuvre…) retenez-vous depuis 1955 ?

Par Jérôme Sans · L'ŒIL

Le 16 mars 2017 - 476 mots

PARIS

Alors que nous fêtons cette année les 40 ans d’existence du Centre Pompidou, c’est l’une de ses expositions phares qui en ont fait la vitrine majeure de l’art contemporain en France qui me semble être un événement marquant des dernières décennies : l’exposition «Â Paris-Paris, 1937-1957, créations en France » présentée en 1981.

Après les opus de « Paris-New York » (1977), « Paris-Berlin » (1978) et « Paris-Moscou » (1979) – trilogie grandiose montrant les liens étroits qu’entretenait la capitale française avec ses sœurs étrangères –, « Paris-Paris » clamait la place artistique parisienne jadis incontournable, et dont l’un des objectifs du Centre Pompidou était de ranimer l’activité. Extravagante, tant dans le nombre de pièces présentées que dans son atmosphère, l’exposition pluridisciplinaire ouvrait le regard sur toutes les formes de création (arts visuels, design, littérature, musique…) et les rapports qui pouvaient s’établir entre elles. L’exposition rassemblait aussi une grande part de documents divers (livres, affiches, tracts, journaux, dessins d’architecture, vêtements, maquettes, objets…), montrant que la création n’est jamais déconnectée de son époque, relisant sans cesse l’histoire. Communiquant un esprit qui reflétait toute une époque où la culture commençait à s’appréhender au sens large, et non par disciplines, « Paris-Paris » donnait aussi à voir les relations que la capitale pouvait, de cette manière, entretenir avec le monde. Durant cette période autrefois fastueuse en tant que foyer de la création à l’échelle internationale, Paris devenait la terre d’accueil de nombre d’artistes nourris par une soif d’effervescence artistique, comme par un désir de reconnaissance.

Depuis, Paris s’était vue supplantée par des villes comme Londres, New York, Milan ou Cologne… dont l’énergie rendait toujours plus vivaces les scènes artistiques. Pour la création du Palais de Tokyo en 2000, le Centre Pompidou avec son audace, grâce à l’impulsion de Pontus Hultén, figurait parmi nos références pour faire en sorte que les regards se tournent de nouveau vers la France et son vivier créatif, mis en perspective dans un contexte global. Durant toutes ces années, plusieurs musées, institutions, fondations, centres d’art qui explorent tous autant la diversité de la création contemporaine, française et internationale sont venus renouveler et renforcer l’extraordinaire offre culturelle parisienne, totalement unique. Les modèles se réinventent et, aujourd’hui, à l’aube de la transition de Paris vers le Grand Paris, l’exposition « Paris-Paris » retentit plus que jamais. Elle nous rappelle que les foyers de la création sont mouvants, évoluant avec leur époque et les générations. La culture ne s’arrête jamais.

Jérôme Sans, né en 1960, est le cofondateur du Palais de Tokyo, ouvert en 2002 à Paris, dont il sera l’un des dirigeants jusqu’en 2006. Il prend ensuite la tête d’Ullens Center for Contemporary Art, une institution privée, à Pékin, de 2008 à 2012. Critique d’art, il crée en 2012 L’Officiel Art. De 2015 à 2017, il est le codirecteur artistique du projet culturel du Grand Paris Express. Il est l’actuel concepteur et directeur du pôle artistique et culturel de l’île Seguin.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°700 du 1 avril 2017, avec le titre suivant : 1981 : L’exposition « Paris-Paris » au Centre Georges Pompidou

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