Photographie - Prix

Photographie l’atout prix

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 23 mars 2016 - 836 mots

Alors que le prix HSBC vient de récompenser les deux lauréats 2016, intéressons-nous à l’influence des prix sur la cote et la carrière des artistes…

COLLECTIONNER - Les noms du Danois Christian Vium et de la Polonaise Marta Zgierska, lauréats 2016 du prix HSBC deviendront-ils des noms familiers de la scène photographique française, comme le sont devenus certains anciens lauréats comme Bertrand Desprez, Valérie Belin, Carole Fékété, Laurence Leblanc, Éric Baudelaire, Patrick Taberna, Leonora Hamill ou Marina Gadonneix et Noémie Goudal, toutes deux exposées au Point du Jour (Cherbourg) et au BAL (Paris) ? En vingt et une éditions, Christine Raoult, déléguée générale du prix, a vu des carrières décoller, d’autres poursuivre plus discrètement leur chemin, voire se détourner de la photographie – c’est le cas de Yoshiko Murakami –, ou affirmer des choix plus personnels, tel Rip Hopkins. Les atouts du prix, chacun a pu les mesurer au cours de l’année de son obtention, qu’il ait été au tout début d’une carrière (Éric Baudelaire, Carole Fékété) ou déjà en galerie et connu pour son travail (Valérie Belin), ou du moins repéré. Noémie Goudal était déjà représentée à Londres par une galerie avant d’obtenir le prix.

L’organisation d’une exposition itinérante du travail récompensé, la couverture médiatique et la publication d’un livre, invariablement première monographie publiée pour son auteur, ouvrent à une visibilité immédiate. « Il authentifie la valeur d’un travail, donne une assurance, une confiance », dit Bertrand Desprez, l’un des premiers lauréats du prix qui obtiendra dans la foulée la Villa Medicis Hors les murs et le prix Kodachrome. Ensuite, tout dépend de la personnalité de chacun, du réseau constitué durant cette année-là et, surtout, du soutien apporté par le conseiller artistique, au nom variant d’une année sur l’autre.

La nouvelle génération primée affiche des profils toutefois bien mieux préparés que leurs aînés peu rompus à la filière des prix, des résidences et au who’s who des galeries ou institutions. La Mexicaine Alinka Echeverria, qui achève sa résidence BMW 2015 au Musée Nicéphore Niépce à Chalon-sur-Saône, est à 35 ans une artiste confirmée aux travaux plusieurs fois récompensés, en particulier par le prix HSBC 2011. La plate-forme d’expérimentation plus que la visibilité que lui permet cette résidence ouvrira à un nouveau travail qui sera exposé cet été aux Rencontres d’Arles puis à Paris Photo. Expositions qui avec la production du livre et du film apporteront ce coup de projecteur que les quatre premiers lauréats de cette résidence, méconnus pour leur part en France, ont vécu en sachant qu’ils peuvent compter dans le développement de leurs autres projets, s’ils le souhaitent, sur l’attention des organisateurs du prix à l’instar d’Alexandra Catière. 

Alexandra Catièrelauréate de la résidence BMW en 2011
Dès leur présentation à Paris Photo, les photographies de Here Beyonds The Mist ont séduit nombre de galeristes européens qui découvraient le travail de la photographe biélorusse déjà référencée en Russie et aux États-Unis. Elle optera pour les galeries In Camera (Paris) et Priska Pasquer (Cologne). En cinq ans, les prix des photographies de cette série sont passés de 700 à 14 000 € pour Zacharie (tirage 24 x 16 cm, édition 6/12), voire 3 900 € pour Hands (54 x 38 cm, édition 5/7).

Mazaccio & Drowilal lauréats de la résidence BMW 2013
Cette sérié réalisée durant leur séjour au Musée Niépce a connu un grand succès aux Rencontres d’Arles, puis à Paris Photo et à Paris Photo Los Angeles, sans pour autant qu’ils incorporent une galerie, bien que les photographes aient été sollicités. La galerie n’est pas le but de leur vie : ils préfèrent attendre de trouver celle qui correspondra à leur famille d’artistes. Ils vendent donc leurs photos en direct. Depuis la résidence, les demandes sont en hausse, le prix de She’s Out of My Life (40 x 50 cm, édition de 5) s’établissant à 2 000 €.

Éric Baudelaire Prix HSBC 2005
Quand il réalise cette première série, Éric Baudelaire n’a que deux ans de pratique derrière lui. Deux photographies de cette série ont incorporé dès 2005 les collections du Cnap, tandis que l’exposition au Château d’Eau à Toulouse lui a permis d’entrer à la Galerie Juana de Aizpuru à Madrid qui le représente toujours avec des prix aujourd’hui à 7 000 € pour un tirage de cette série qui n’existe qu’en 110 x 140 cm (édition de 5 1 AP).

Valérie Belin Prix HSBC 2000
Ce prix lui « a apporté beaucoup », dit-elle, sa « première monographie et [sa] rencontre avec la conseillère artistique de cette édition, Jacqueline d’Amecourt », conservatrice de la collection du groupe Lhoist. De la Galerie Xippas, chez qui elle était alors, Valérie Belin passera chez Jérôme de Noirmont puis, à la fermeture de la galerie, chez Nathalie Obadia qui la représente aujourd’hui. La seule photographie de Venise II est disponible en petit format et à 14 000 €, les prix de sa dernière série, Super Model, s’établissant entre 25 000 et 30 000 € (édition de 6 2 AP, format de 173 x 130 cm).

Légende photo

Alexandra CatieÌ€re, Zacharie, 2011. © Alexandra CatieÌ€re.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°689 du 1 avril 2016, avec le titre suivant : Photographie l’atout prix

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