Patrimoine

Directeur du Mobilier national

Hervé Barbaret - L’avenir du Mobilier national

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 20 octobre 2015 - 662 mots

Hervé Barbaret est directeur du Mobilier national et des manufactures des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie. Conseiller maître à la Cour des comptes, il a participé à la création de la Cité de l’architecture et du patrimoine, puis a été administrateur général au Musée du Louvre.

L’Œil : Le Mobilier national est une institution importante mais qui demeure mal identifiée, quelles réalités recouvre-t-elle ?
Hervé Barbaret : La question de notre identité est centrale. Nous sommes une institution avec un intitulé à rallonge, cela traduit déjà un problème identitaire. Le public perçoit mal notre vocation. Nous avons cinq missions : l’ameublement des palais de la République, une mission de création en matière d’art textile et de mobilier contemporain, la conservation de 100 000 objets, un rôle de transmission des savoir-faire et, enfin, la valorisation de tout cela. Si on prend chaque mission séparément, c’est clair, mais il est plus compliqué de faire émerger un fil rouge. Nous sommes dans une phase de réflexion sur comment fédérer ces missions et je pense que c’est à partir de là que va découler toute notre stratégie pour les années à venir.
Il faut aussi réfléchir à une marque unique, à un nom. C’est loin d’être
un gadget. Pour que l’ensemble des différentes composantes de l’établissement s’inscrivent vraiment dans une logique de maison, il faut effectuer ce travail sur la vocation
et l’identité.

Le Mobilier national ne souffre-t-il pas aussi d’une image élitiste ?
Notre mission d’ameublement est certes un volet élitiste mais exemplaire, et encore j’aimerais qu’il soit moins élitiste. Par exemple, quand de grands designers créent des meubles à l’Atelier de recherche et création, nous n’en faisons réaliser qu’un ou deux exemplaires. Alors que l’on pourrait associer un éditeur à cet effort de conception et de prototypage pour créer des lignes grand public. Le maître mot est l’ouverture. Idem pour nos collections, elles n’ont pas vocation à être cachées. Il faut que nous ayons une politique de dépôt et de prêt beaucoup plus volontaire. Et que nous développions aussi les expositions itinérantes en partenariat avec des musées en région, notamment avec les sites sur lesquels nous sommes implantés comme Beauvais ou Alençon. Présenter nos œuvres est un acte pédagogique qui contribue à ce que le plus large public possible comprenne l’histoire du goût en matière de décor et d’ameublement. Notre institution est en quelque sorte le microcosme d’une politique culturelle au service de la création contemporaine qui s’appuie sur le patrimoine le plus ancien. C’est l’ADN de la maison depuis Lebrun et aujourd’hui l’artisanat d’art, le design et la transmission des savoir-faire sont des sujets très porteurs. Nous avons donc tous les ingrédients pour que la mayonnaise prenne : un lieu formidable, des collections exceptionnelles et des thématiques attrayantes. Il n’y a plus qu’à touiller et surtout à être résolument à l’offensive sur l’ouverture et la pédagogie.

L’institution jouit d’un riche patrimoine immobilier.
Avez-vous des projets pour le valoriser ?

Nous disposons d’un environnement architectural et urbain remarquable dans Paris auquel le public n’a pas accès. J’aimerais ouvrir l’Enclos des Gobelins et y proposer un parcours qui explique nos activités et raconte l’histoire de la création des éléments de décors, de la conception jusqu’à l’œuvre aboutie. Mais avant d’envisager cela, il faut d’abord avoir un schéma directeur qui précise les différentes fonctions de ce site complexe. Pour l’instant, nous travaillons sur le diagnostic. L’idée est d’avoir un projet cohérent à défendre pour montrer que si l’on fait un effort de restauration et de mise aux normes, ce n’est pas juste pour la beauté du geste mais c’est vraiment au service d’un projet d’établissement.

Le Mobilier national est l’héritier du garde-meuble de la Couronne, il emploie environ 350 personnes, majoritairement des artisans d’art pour la création et la restauration.

100 000 pièces Composent les collections de cette institution pluriséculaire.

Manufactures
L’institution gère également les anciennes manufactures royales : Gobelins, Beauvais et la Savonnerie ainsi que les ateliers nationaux de dentelle d’Alençon et du Puy.

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°684 du 1 novembre 2015, avec le titre suivant : Hervé Barbaret - L’avenir du Mobilier national

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