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MUSÉOGRAPHIE

Mulhouse sort de l’ombre

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 31 octobre 2017 - 585 mots

MULHOUSE

Fermé durant huit mois pour travaux, le Musée des beaux-arts de Mulhouse a fait l’objet d’une refonte modeste de son parcours. Un bon début pour un musée longtemps délaissé.

Le Musée des beaux-arts de Mulhouse. © Jocelyne, 2023, CC BY-SA 4.0
Le Musée des beaux-arts de Mulhouse.

Mulhouse. Le Musée des beaux-arts de Mulhouse a rouvert ses portes en septembre. Fondée au XIXe siècle pour abriter les collections de riches industriels locaux, cette institution n’avait pas connu de transformation depuis 1985, date de son déménagement dans l’hôtel particulier qu’elle occupe aujourd’hui. La municipalité qui gère le lieu, ainsi que le musée historique voisin (1), l’avait délaissée, se contentant de faire vivre l’établissement au travers de ce qu’il y a de moins onéreux : des expositions d’artistes contemporains locaux. « Depuis l’arrivée d’une nouvelle adjointe à la culture en 2014, on sent un nouveau souffle pour valoriser les collections permanentes du musée », explique Isabelle Dubois-Brinkmann, conservatrice de l’institution. Devant bénéficier de travaux de remise aux normes de sécurité incendie et d’installation d’un ascenseur, le musée a profité de huit mois de fermeture pour améliorer son parcours.

Disons-le d’emblée, il ne s’agit pas de véritables travaux de rénovation. « Les éclairages ne sont toujours pas aux normes et les salles ne sont toujours pas climatisées, ce qui nous empêche d’accueillir des prêts extérieurs pour des expositions », regrette Isabelle Dubois-Brinkmann. Le parcours, qui dessine une histoire de l’art chronologique, par école et par genre, a cependant meilleure mine. Les murs invariablement blancs ont adopté la mode actuelle, qui privilégie les variations chromatiques selon les espaces. Les œuvres, qui pâtissaient jusqu’ici d’une médiation réduite au strict minimum, ont gagné des cartels allongés et des fiches de salles très pédagogiques. Surtout, le parcours permanent a grignoté sur les espaces d’exposition temporaire et de stockage pour gagner quatre salles supplémentaires. Jusqu’ici les arts du Moyen Âge et de la Renaissance, illustrant principalement la création du Rhin supérieur, n’étaient pas exposés. On peut désormais admirer une imposante ronde-bosse du Tyrol du Sud à l’effigie de Saint Georges et le dragon (1490) et trois jolis panneaux bâlois du milieu du XVe siècle émanant d’un même polyptyque (Le retable Lösel). Le point fort du parcours est sans conteste la galerie consacrée à la peinture d’histoire du XIXe siècle, où voisinent un tondo de William Bouguereau aussi monumental que sirupeux (Flore et Zéphyr, 1875) et une très pompière (et caustique) toile représentant Samson rompant ses liens (1864) de Léon Glaize.

Les collectionneurs de la Société industrielle de Mulhouse, qui ont fondé le musée étaient en effet beaucoup plus amateurs des peintres académiques que des avant-gardes. On rencontre aussi des tableaux de Jean-Jacques Henner en cascade, le musée abritant la deuxième plus vaste collection (47 œuvres) de cet enfant du pays. Parmi les 115 œuvres exposées au sein de ce parcours (contre 80 auparavant), onze ont fait l’objet d’une restauration. Il reste encore beaucoup à faire, notamment en matière de recherche sur les œuvres qui, pour certaines, doivent faire l’objet d’une réattribution pour les pièces antérieures au XIXe siècle. « Nous présentons une Assomption traditionnellement attribuée à Francesco Solimena, mais elle n’est sans doute pas de lui », commente Isabelle Dubois-Brinkmann. Elle peut cependant se réjouir qu’un Portrait d’Henri Benner (vers 1810) – exposé dans une nouvelle salle consacrée aux acquisitions, restaurations et travaux de recherche autour des œuvres – ait récemment été formellement attribué à Louis Léopold Boilly par plusieurs spécialistes de l’artiste.

(1) Un musée historique resté dans son jus, qui ne respecte pas les précautions minimales en matière de conservation préventive. Les vêtements anciens y sont notamment exposés en plein dans la lumière du jour.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°488 du 3 novembre 2017, avec le titre suivant : Mulhouse sort de l’ombre

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