Tête baissée

L'ŒIL

Le 1 juillet 2002 - 153 mots

Découvrir (ou croire découvrir, telle est aussi la question) un Bruegel inconnu du monde civilisé au fin fond de la demeure délabrée d’un gentleman farmer éleveur de faisan, est peut-être une chance. Ou peut-être pas. Tout est une question de point de vue. Pour le jusque-là honnête universitaire spécialiste du nominalisme qu’est Martin Clay, c’est en effet le début d’un calvaire cocasse dont le style, hilarant, tient à la fois de David Lodge et de Marivaux. L’intellectuel philosophe se révèle un affairiste cupide et hypocrite qui tente de subtiliser la toile oubliée au hobereau ignare mais tout aussi avide d’espèces sonnantes. C’est à peu près comme s’il essayait, retenant son souffle et ses tremblements de maniaque bruegelien obsessionnel, de retirer la baguette à 1 000 points d’un jeu de mikado étalé. Comment faire pour ne pas se retrouver enseveli sous le reste du jeu ?

Michael Frayn, Tête baissée, éd. Gallimard/Folio, Paris, 2002.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°538 du 1 juillet 2002, avec le titre suivant : Tête baissée

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