René Burri, photographies

L'ŒIL

Le 1 mars 2004 - 449 mots

« René Burri ne s’est jamais pensé comme un photojournaliste au sens strict, simple pourvoyeur de la presse écrite. Peut-être s’est-il davantage considéré comme un reporter qui rapporte de ses missions des images, des histoires, des informations, des surprises », écrit Hans-Michael Koetzle dans cet ouvrage consacré à l’un des grands témoins de l’histoire du XXe siècle, au même titre qu’Henri Cartier-Bresson. Les images ici rassemblées témoignent d’une cinquantaine d’années de pratique photographique où reportages de presse et œuvres personnelles se nourrissent l’un l’autre ; le travail de commande n’étant pas une contrainte, plutôt une occasion. Burri ne recherche pas l’objectivité, revendique au contraire le caractère subjectif de la photographie, résultat d’une prise de position, d’un engagement. La photographie est sa « contribution au débat politique », comme l’écrit l’auteur dans l’introduction du livre.
À l’instar de celle de Cartier-Bresson, sa démarche est profondément humaniste, à la fois précise et documentaire, sans céder au misérabilisme et au sentimentalisme. Ainsi, ses photographies de guerre ne sont jamais prises au cœur de l’action. Selon lui, il n’y a pas besoin de montrer des morts pour suggérer la violence et le massacre, pas besoin de montrer des images d’affamés pour dire la misère qui frappe un pays. Il faut donc « lire » ses images, tout n’est pas donné à voir directement. Il privilégie les retombées d’un événement, ses conséquences sur les hommes et leurs comportements. Né en 1933, René Burri est membre de Magnum Photos depuis 1959. Jusque dans
les années 1990, il travaille pour les plus grands magazines internationaux, immortalise ses illustres contemporains (Picasso, Giacometti, Prévert, Le Corbusier, Jean Renoir), et ses reportages le mènent aux quatre coins du monde, du Brésil au Mexique, du Japon à la Chine, du Kenya à l’Égypte, mais aussi au Vietnam, aux États-Unis, au Pérou ou au Liban. Le livre parcourt ses différents périples en vingt-deux chapitres et quatre cent cinquante images d’une beauté plastique saisissante, notamment dans le travail sur la lumière et les contrastes. C’est assurément l’ouvrage le plus complet à ce jour sur René Burri ; les images ont été sélectionnées par le photographe lui-même, en étroite collaboration avec Hans-Michael Koetzle, auteur des textes et commissaire – aux côtés de William A. Ewing – de l’exposition rétrospective actuellement présentée à Paris, à la Maison européenne de la photographie.

Hans-Michael Koetzle, René Burri photographies, Phaidon, 448 p., 450 ill., 95 euros. À voir : l’exposition « René Burri » à la Maison européenne de la photographie, 5-7 rue de Fourcy, 75004 Paris, tél. 01 44 78 75 00, jusqu’au 14 mars ; celle à la galerie Esther Woerdehoff, 36 rue Flaguière, 75015 Paris, tél. 01 43 21 44 83, jusqu’au 6 mars.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°556 du 1 mars 2004, avec le titre suivant : René Burri, photographies

Tous les articles dans Médias

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque