Le livre commence par une logorrhée. Non, elle n’ira pas m’enfermer une nuit au Musée Picasso dans l’exposition consacrée au peintre et à Giacometti.
C’est ce qu’assène Lydie Salvayre à Alina Gurdiel, directrice de la collection « Ma nuit au musée », qui invite des écrivains à vivre cette troublante et passionnante expérience. Qu’on se le dise : Lydie Salvayre n’aime pas les institutions muséales. Pourtant, elle finit par accepter. D’abord, face à L’homme qui marche de Giacometti, elle se dresse des murs. Se dit insensible. Comme si elle avait peur de sa maigreur, sa solitude, son silence. Comme si elle avait peur d’être – trop – touchée. Les digues céderont, et elle sera, en effet, submergée. L’homme qui marche viendra la rejoindre dans ses blessures d’enfance, ou de « modeste » fille d’immigrés espagnols qui ne tient pas son rôle dans les milieux mondains. Il vient habiter son silence. Celui, aussi, des autres êtres misérables, dont elle porte la voix – comme cet homme anonyme, torturé pendant la guerre du Liban, à qui des soldats coupèrent la langue dans une rue de Beyrouth. Et à travers ce récit, nous partageons leur condition, transportés au plus profond de notre vulnérable humanité.
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Porter le silence
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°725 du 1 juillet 2019, avec le titre suivant : Porter le silence