Paul Facchetti : le Studio

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 octobre 2004 - 266 mots

Costume sombre et cravate ornée, l’un des numéros des Cahiers du collège de pataphysique d’une main, une fourchette piquée dans un morceau de pain prêt à être englouti de l’autre, Jean Dubuffet pose devant l’appareil de photo de Paul Facchetti. Le studio de ce talentueux photographe compte une histoire peu banale qui n’est pas qu’à reverser à l’ordre d’une œuvre photographique. En effet, Paul Facchetti, qui est né à Brescia en 1912 et s’est installé à Paris comme photographe de mode dans les années 1930, ne s’est pas contenté de tirer le portrait des artistes qu’il admirait, il les a défendus en devenant leur marchand. Créé en 1951, le Studio Paul Facchetti s’est très vite imposé comme le lieu par excellence de défense et d’illustration de l’art informel et de l’abstraction lyrique : Bryen, Mathieu, Michaux, Dubuffet, Fautrier, Sima, Laubiès, Schulze, Hundertwasser, Appel, Kemeny et bien d’autres y ont exposé. Au cœur même de la guerre que se sont menée Paris et New York pour le titre de capitale mondiale des arts, le photographe-marchand fut l’un des tout premiers à s’intéresser à l’expressionnisme abstrait américain, et Paul Facchetti peut se vanter d’avoir été le premier en Europe à organiser une exposition personnelle de Jackson Pollock. À tous ces titres, l’ouvrage monographique que lui consacrent Frédérique Villemur et Brigitte Pietrzak est réellement le bienvenu. On ne dira jamais assez le manque éditorial consacré aux grands marchands, pour ce qu’ils sont, comme l’était Paul Facchetti, la mémoire vive du monde de l’art.

Frédérique Villemur et Brigitte Pietrzak, Paul Facchetti : le Studio, Actes Sud, 2004, 216 p., 39 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°562 du 1 octobre 2004, avec le titre suivant : Paul Facchetti : le Studio

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