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« L’incroyable reconstitution des "puzzles" de Tell Halaf », par Fabien Simode, sur TSF Jazz 

Par L'Œil · lejournaldesarts.fr

Le 2 mai 2019 - 468 mots

PARIS

Chaque jeudi, à 8 h 15 et 8 h 45, « Les Matins Jazz », l’émission de Laure Albernhe et Mathieu Beaudou, invitent L’Œil et Le Journal des Arts à parler d’art sur l’antenne de TSF Jazz. Le 2 mai 2019, Fabien Simode, rédacteur en chef de L’Œil, revenait sur la restauration des statues monumentales de Tell Halaf, détruites en plus de 27 000 morceaux lors d’un bombardement en 1943. 

Chronique à réécouter ici dans son intégralité ou à lire ci-après :

Une bombe au phosphore lâchée par un avion en pleine ville, sur un musée archéologique. Elle explose et le bâtiment prend feu. La température monte très vite dans les salles à 800° C. Quand les pompiers veulent éteindre l’incendie, le choc thermique créé par l’eau froide sur les pièces brûlantes détruit les œuvres. Les plus petites, comme les céramiques, sont littéralement pulvérisées ; les statues monumentales en pierre, elles, explosent en mille morceaux. Dans les décombres du musée, 27.000 fragments de pierre seront ainsi récupérés… 

Ce dramatique épisode ne s’est pas déroulé en Syrie ou dans un pays voisin en guerre, mais en plein cœur de l’Europe, à Berlin, en 1943. Lorsque les alliés bombardent l’Allemagne, ils ne connaissaient pas l’existence de ce musée privé consacré au site de Tell-Halaf, une cité fondée au IXe siècle avant notre ère, dans l’actuelle Syrie. Ce qui est grave, c’est que c’est tout une civilisation oubliée, appelée l’empire Hittite, qui disparaît alors. Enfin, qui ne disparait pas tout à fait : après l’incendie, le fondateur du musée, Max Van Oppenheim, a eu en effet la bonne idée de rassembler les fragments de sculptures en vue de les reconstituer un jour. Malheureusement, son projet est interrompu après la guerre par la construction du Mur de Berlin. Il faudra attendre sa chute, en 1989, pour que l’on s’intéresse de nouveau aux statues de Tell-Halaf ; puis 2001, pour que l’on décide de reconstituer ces gigantesques puzzles de 27.000 pièces. Pour ce faire, les archéologues et les restaurateurs ne sont pas se servis de technologies derniers cris, mais simplement de leurs yeux et d’un peu de patience. Une fascinante photographie de 2003, que nous reproduisons dans le magazine L’Œil du mois de mai, montre ces milliers de fragments disposés sur des palettes attendant d’être recollés. La première année, les restaurateurs ont ainsi reconstitué un lion, puis un griffon de plus de 2.600 pièces, dont certaines avaient la taille d’un ongle. Ces sculptures ressuscitées, vous pouvez les voir en ce moment au Louvre, dans l’exposition intitulée « Royaumes oubliés, de l’Empire hittite aux araméens ». Elles nous rappellent qu’en matière de restauration rien n’est impossible. Tant mieux ! Car un nouveau bombardement a eu lieu sur un musée semblable en 2018 en Syrie. Lui aussi conservait d’antiques sculptures en basalte qui, à leur tour, attendent leurs restaurateurs. 

Fabien Simode

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