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« Le lapin, le dindon et le leadership américain », par Fabien Simode sur TSF Jazz

Par L'Œil · lejournaldesarts.fr

Le 6 juin 2019 - 485 mots

PARIS

Chaque jeudi, à 8 h 15 et 8 h 45, « Les Matins Jazz », l’émission de Laure Albernhe et Mathieu Beaudou, invitent L’Œil et Le Journal des Arts à parler d’art sur l’antenne de TSF Jazz. Le 6 juin 2019, à l’occasion du 75e anniversaire du Débarquement, Fabien Simode, rédacteur en chef de L’Œil, revenait sur le leadership américain sur le marché de l’art. 

Soldats américains sur le point de débarquer en Normandie, 6 juin 1944 - Photo Department of the navy
Soldats américains sur le point de débarquer en Normandie, 6 juin 1944
Photo Soldats américains sur le point de débarquer en Normandie, 6 juin 1944 Department of the navy

Chronique à réécouter ici dans son intégralité ou à lire ci-après :

Le marché de l’art se porte bien, voire même très bien. Selon un rapport d’Art Basel, la vente d’œuvres et d’objets d’art dans le monde a progressé en 2018 de 6 % pour atteindre les 67 milliards de dollars. Sans surprise, les États-Unis monopolisent la première place du podium, suivis par la Grande-Bretagne, la Chine et, enfin, la France. Si la France défend apparemment une honorable 4e place, elle reste néanmoins très loin derrière le leader, puisque les États-Unis détiennent 44 % de parts de marché contre seulement 6 % pour la France. Ce leadership des États-Unis n’est pas nouveau. Il remonte à l’après-guerre, lorsque l’Amérique a décidé d’imposer son économie capitaliste dans le monde et de lutter contre l’idéologie communiste. Or, pour infiltrer les esprits, quoi de mieux que… la culture. Car, en 1944, les soldats ne sont pas les seuls à débarquer sur les côtes françaises, il y aussi le cinéma, la musique et les arts plastiques avec Jackson Pollock. À la différence près que si les États-Unis ont vu naître Hollywood et le jazz, l’Europe, elle, peut revendiquer la maternité du marché de l’art. On le sait aujourd’hui, Washington et la CIA ont donc décidé de la détrôner. Ils vont pour cela soutenir, en secret, l’émergence d’un art américain. C’est ainsi que Jackson Pollock et Mark Rothko ont reçu, sans le savoir, le soutien du gouvernement américain, qui a, premièrement, financé la tournée d’expositions d’artistes en Europe dès les années 1950. Et qui a demandé aussi au MoMA et aux grandes fortunes privées, comme les Rockefeller, de soutenir le marché en achetant des œuvres d’artistes américains. C’est ainsi que le marché de l’art s’est déplacé de Paris à New York et que les artistes américains – les Pollock, Warhol, Basquiat… – sont devenus les plus chers du monde. Et ce système a formidablement fonctionné : devinez qui est aujourd’hui l’artiste vivant le plus cher du monde ? Jeff Koons ! L’une de ses sculptures a été adjugée en mai 2019 pour 91 millions de dollars. Devinez où ? À New York ! CQFD Il s’agit d’un lapin intitulé Rabbit. Et la France, dans tout cela ? Et bien elle peut se reprocher de ne pas avoir mieux défendu ses artistes, en les achetant et en les exposants. Car aujourd’hui, si un lapin américain est bien l’œuvre la plus chère du monde, les artistes français, eux, sont un peu les dindons de la farce. 

Fabien Simode

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