Livre

préhistoire

L’art de la préhistoire dépoussiéré

Par Pierre Morio · L'ŒIL

Le 12 février 2018 - 355 mots

Référence - Édité par Citadelles & Mazenod en 1965, La préhistoire de l’art occidental de Leroi-Gourhan avait marqué, pour longtemps, les esprits.

Mais, depuis la parution du livre, les découvertes ont été nombreuses, à commencer par la grotte Chauvet-Pont d’Arc (découverte en 1994) et, plus récemment, le site de la rivière Pecos au Texas. Ces découvertes, associées aux avancées accomplies par l’archéologie préhistorique, ont rendu l’ouvrage obsolète. Un nouvel opus s’avérait donc plus que nécessaire. C’est désormais chose faite avec la parution de L’Art de la préhistoire, toujours chez Citadelles & Mazenod, qui abandonne au passage l’adjectif « occidental », jugé à forte connotation ethnocentriste – Leroi-Gourhan s’attachait à l’époque uniquement aux découvertes européennes. Car la volonté des auteurs, dirigés par Carole Fritz, est d’aborder au sens large cet « art de la préhistoire », qu’il aurait été tout aussi pertinent d’appeler « art rupestre », tant ce sujet occupe la majeure partie du livre.

Hors des repères chronologiques
Quand, au XXe siècle, la tendance était encore d’établir une universalité de l’art préhistorique – centré toutefois sur l’Europe – et de sa chronologie, suggérant des dates difficiles et hasardeuses compte tenu des outils de mesure à disposition, les chercheurs du XXIe siècle bénéficient de tout un attirail technologique qui rend l’étude des artefacts plus aisée. Cela a permis de ne plus vouloir s’attacher à créer une grille de lecture et de datation applicable partout, mais de comprendre les spécificités de chaque lieu, dépendant de l’environnement, des croyances, mythes et symboliques propres aux cultures qui les ont produites.

Le livre fait aussi voler en éclat les stricts repères chronologiques pour englober les réalisations plus récentes des sites sud-américains et australiens. Un chapitre entier est consacré aux steppes de l’Asie centrale, dont les populations nomades, sans écriture, ont développé pendant l’âge du bronze une iconographie riche, reprise de motifs animaliers réalisés en métal. Cette nouvelle édition marque à coup sûr une nouvelle étape dans l’état des connaissances de cet art préhistorique. Elle laisse également espérer, de la part de l’éditeur, une mise à jour de certains autres titres de la collection « L’art et les grandes civilisations », dont certains ont un peu plus de vingt ans...

informations

Sous la direction de Carole Fritz,
L’Art de la préhistoire,

Citadelles & Mazenod, 626 p., 205 €.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°709 du 1 février 2018, avec le titre suivant : L’art de la préhistoire dépoussiéré

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