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« La guerre des cartels », par Fabien Simode, sur TSF JAZZ

Par L'Œil · lejournaldesarts.fr

Le 30 septembre 2019 - 500 mots

PARIS

Chaque jeudi, à 8 h 15 et 8 h 45, « Les Matins Jazz », l’émission de Laure Albernhe et Mathieu Beaudou, invitent L’Œil et Le Journal des Arts à parler d’art sur l’antenne de TSF Jazz. Le 19 septembre 2019, Fabien Simode, rédacteur en chef de L’Œil, revenait sur l’absence de cartels dans les salles de l’exposition « Francis Bacon en toutes lettres au Centre Pompidou ». 

Francis Bacon chez TSF JAZZ - Photo Clotilde Bednarek
TSF JAZZ
© Photo Clotilde Bednarek

Chronique à réécouter ici dans son intégralité ou à lire ci-après :

La chronique : La guerre des cartels est déclarée ! Non pas entre les cartels de Cali et de Medellin, ces organisations criminelles spécialisées dans le trafic de drogue, mais entre les partisans – ou non – des cartels dans les expositions d’art. Les cartels, vous savez, ce sont ces panneaux pédagogiques, plus ou moins longs, placées dans les salles des musées. Ils sont souvent placés à l’entrée des expositions – pour introduire le propos de l’accrochage – et le long du parcours – afin de présenter la thématique des salles. La présence de ces cartels fait débat, et il suffit d’une étincelle pour raviver les divisions. Cette étincelle est venue ce mois-ci de l’exposition « Francis Bacon » au Centre Pompidou. En effet, le musée a fait le choix, radical, d’exposer les œuvres du peintre britannique sans médiation : près de soixante peintures de grands formats se suivent ainsi sans autres explications pour le visiteur.  

Ce choix est d’autant plus paradoxal que l’exposition s’intitule « Bacon en toutes lettres » 

L’expo entend, en effet, mettre en parallèle la peinture torturée de l’artiste avec la littérature qui la stimulé, à savoir les textes de Bataille, Nietzsche et Eschyle. « Enfin une exposition sans explication ; rien que de la peinture, juste de la peinture ! », se sont extasiés des amateurs sur les réseaux sociaux. L’art, selon eux, n’aurait besoin d’aucune explication. Ce à quoi d’autres visiteurs répondent qu’une exposition ne devrait pas s’adresser à quelques élus, mais à tout le monde : aux non-initiés, comme aux étudiants et à ceux qui voudraient tout simplement comprendre.

Personnellement, j’appartiens à cette deuxième famille de visiteurs. Pour moi, l’exposition Bacon est autant une réunion d’œuvres d’art à contempler que le propos, ou la démonstration, d’un commissaire : et un propos, cela se s’explique ! Autrement, comment savoir que Bacon, qui se sentait coupable du suicide de son amant George Dyer, pensait, en peignant, au texte de L’Orestie d’Eschyle qui parle des crimes d’Oreste. Du coup, je conseillerai aux amateurs de cartels d’aller d’abord visiter l’exposition « L’âge d’or de la peinture anglaise », au Musée du Luxembourg. Outre quelques beaux tableaux signés Turner, Reynolds et Gainsborough, l’exposition possède une médiation exemplaire, tout le contraire de Bacon, avec des cartels détaillés, une chronologie et même un planisphère. Personnellement, j’ai adoré. Et pas seulement parce que le musée m’a pris par la main, non, mais aussi parce que j’ai eu l’impression d’être reçu dans l’exposition avec beaucoup d’égards et de courtoisie.

Fabien Simode

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