La Couleur à Venise

L'ŒIL

Le 1 février 2000 - 326 mots

Un ouvrage chatoyant sur la polychromie des façades vénitiennes, mais aussi des décors intérieurs.

Tout visiteur de Venise ne peut qu’admirer l’unité de ses couleurs faite de cette alternance de crépis rouges, de briques ocres ou roses avec la blancheur du marbre d’Istrie, fouettée comme de l’écume.
Ou encore ces marqueteries de marbres verts et de marbres rouges de Vérone. Des couleurs dans l’ensemble tendres, voluptueuses, qui enveloppent la ville comme un manteau flottant dans le gris-vert mordoré des reflets changeants et glauques de l’eau. Ce livre ne fait pas que détailler l’infinité des nuances des couleurs extérieures de la Sérénissime, mais il analyse aussi très finement celles qui se cachent dans tant de palais et d’églises. Et, à l’évidence, il y a correspondance et échange entre l’extérieur et l’intérieur. On retrouve, dans les fonds bleus verts aqueux de Bellini, la même transparence que dans un vase de cristal ou sur les cives rondes d’une fenêtre vitrée. Les mêmes pourpres délavés des façades dans le Tintoret, les mêmes vernis nacrés des faux marbres (marmorino) dans Carpaccio, les mêmes verts tourmentés de la lagune dans Giorgione, ou les verts éclatants des jardins dans Véronèse, le même blanc laiteux du verre lattimo sur les robes ou les cols du Titien... Le chapitre intitulé «  Soies, teintures et distinctions des couleurs de 1470 à 1530 » est particulièrement instructif sur l’art du vêtement et la somptuosité de ses couleurs dans leur représentation. De même il est fascinant de réaliser comment la subtilité des couleurs de Venise, souvent née de l’emploi des pigments exotiques, diffère par exemple de celle de Florence à la même époque. Certes la lumière vénitienne est tout à fait unique dans son caractère insaisissable, sorte de fuite éperdue, de recherche constante, de « désespoir du peintre » dont la magie se perpétue encore aujourd’hui.

Paul Hills, La Couleur à Venise, éd. Citadelles & Mazenod, 240 p., 254 ill. dont 150 en couleur, 450 F, ISBN 2-85088-145-7.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°513 du 1 février 2000, avec le titre suivant : La Couleur à Venise

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