Jean de Berry, le Prince et l’Art

Par Adrien Goetz · L'ŒIL

Le 1 avril 2001 - 279 mots

On croit connaître Jean de Berry (1340-1416) grâce à ses célèbres Très Riches Heures que le Musée Condé de Chantilly ne montre jamais au public. Fils du roi Jean le Bon, frère du sage roi Charles V et oncle de Charles VI le fou, jamais roi lui-même, le duc de Berry fut le plus éclatant des hommes de l’ombre, le meilleur diplomate de son temps (qui fut un temps de guerres incessantes), et surtout, un génial collectionneur. En cette fin de Moyen Age français, il avait compris le premier le rôle politique de la collection et la nécessité de passer à la postérité comme un grand amateur d’art, faute de pouvoir ceindre une couronne. Le duc d’Aumale, créateur du Chantilly du XIXe siècle, occupait lui aussi cette place ambiguë, sur la seconde marche du trône. Françoise Autrand, qui allie finesse d’analyse, érudition et élégance de style, s’attache à décrypter le sens politique de son mécénat. Elle retrace, en historienne, la carrière des frères de Limbourg, et donne une passionnante lecture, page par page, des Très Riches Heures, message de paix et témoignage de la vie quotidienne du temps, images codées réservées au prince. Les collections du duc permettent de saluer le créateur d’un véritable « musée » et Françoise Autrand n’hésite pas à donner à son « garde des joyaux », l’oublié Robinet d’Etampes, le titre, honoraire, de premier conservateur des musées de France. Cette biographie, comme naguère le Saint Louis de Jacques Le Goff, réussit à être bien plus que la vie d’un homme, l’histoire d’un monde et de son système de représentations.

Françoise Autrand, Jean de Berry, le Prince et l’Art, éd. Fayard, 160 F, ISBN 2-213-60709-5.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°525 du 1 avril 2001, avec le titre suivant : Jean de Berry, le Prince et l’Art

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