Jean-Claude Lebensztejn, Annexes - de l’œuvre d’art

On remarquera que le titre, Annexes - de l’œuvre d’art, par le tiret qui relie et sépare à la fois les deux termes, traite aussi bien du fait qu’il existe des à-côtés de l’œuvre auxquels on n’accorde généralement pas grande importance et de la question de « l’œuvre d’art » qui est définie par ces mêmes éléments en marge, ou considérés comme tels. Autrement dit, l’auteur propose d’intégrer à « une essence de l’art » les à-côtés qui contribuent, en définitive, à la définir – démarche qui rappelle celle de Genette en littérature concernant le « paratexte ». Le tout premier texte, Sol (1967), éclaire particulièrement bien quant à cette démarche. Il traite des taxinomies établies par les historiens de l’art à propos de certaines tendances de la peinture au début du siècle (fauvisme, expressionnisme, abstraction), et cherche à montrer que les classifications de styles, de genres, d’écoles (qui est fauve, qui ne l’est pas), de facture, ne vont pas de soi. Tous les fauves, par exemple, ne travaillent pas avec des couleurs criardes, n’évacuent pas le modelé. En s’intéressant à ce genre d’éléments externes à l’œuvre, l’auteur met au jour leur importance, soit qu’ils nous trompent esthétiquement, soit qu’ils permettent une ouverture sur l’art et l’existence, comme cela est évoqué dans le dernier texte sur le thème de la spezzatura, la nonchalance.