Initiation à l’art roman

L'ŒIL

Le 1 janvier 2003 - 371 mots

Peut-être serait-il plus juste de parler ici de synthèse plutôt que d’initiation, tant la matière est riche et le propos dense. Le qualificatif de « roman », on le sait, fut choisi au début du XIXe siècle par un érudit français. Jusque-là, on ne distinguait pas de phase particulière, confondant les périodes médiévales dans un tout gothique. Le qualificatif de « roman » qu’on applique aujourd’hui communément à l’art des XIe et XIIe siècles de l’Europe centrale et occidentale, excluant la sphère d’influence de la civilisation byzantine, a été choisi pour montrer, à travers la similitude du vocabulaire, que cet art était le résultat d’un processus d’altération de l’art romain. Si, aujourd’hui, cette idée de dégradation n’a plus cours, l’analyse se nourrit néanmoins de deux constats fondateurs : l’art roman a entretenu d’étroites relations avec l’art antique et l’art du Haut Moyen Age et sa réalité est loin d’être homogène. C’est précisément cette hétérogénéité que traduit ce manuel rédigé sous la direction d’Anne Prache, spécialiste renommée de cette période, s’appliquant à illustrer ses propos d’exemples choisis dans toute l’Europe et invitant le lecteur à ce que les auteurs nomment une « archéologie du regard ». Il s’agit de débarrasser l’étude de l’art roman des appréciations subjectives qui l’ont accablée depuis le XIXe siècle et surtout d’une interprétation évolutionniste fondée sur l’idée anthropomorphe qu’il y aurait une jeunesse, une maturité puis une vieillesse ou un déclin des arts. Or, non seulement les périodes stylistiques se chevauchent mais le choix et la pérennité de tel parti pris décoratif dépend largement de la réalité culturelle de l’aire géographique. Un exemple très banal éclairera le lecteur : il faut abandonner la définition insuffisante et inexacte selon laquelle l’arc en plein cintre – opposé à l’arc brisé – aurait été le dénominateur commun de tout art roman, une idée reçue qui suppose également que le développement de l’architecture aurait été linéaire. En un mot comme en cent, on a dit et on pense encore beaucoup de sottises sur l’art roman. Voici l’occasion rêvée de les corriger.

Sous la direction d’Anne Prache, textes de Philippe Plagnieux, Nicolas Reveyron et Danielle V. Johnson, Initiation à l’art roman, architecture et sculpture, éd. Zodiaque, Paris, 2002, 240 p., 30 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°543 du 1 janvier 2003, avec le titre suivant : Initiation à l’art roman

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