Histoire de l’art et manuels scolaires

L’histoire de l’art, il convient de le rappeler, n’est enseignée en France, au niveau secondaire (en l’occurrence de la seconde à la terminale), que depuis l’année scolaire 1993-94. Encore ne l’était-elle que dans 25 établissements cette année-là, et dans 45 en 1994-95. 70 établissements devraient y consacrer une part de leur enseignement dès la rentrée prochaine, et cette reconnaissance timide – mais effective – de la discipline impliquait que des manuels fussent rapidement mis à la disposition des écoliers.

Rappelons encore que les historiens de l’art ont, pour l’instant, été tenus à l’écart de cet enseignement secondaire dispensé, depuis deux ans, par des professeurs d’arts plastiques, d’histoire ou de littérature déjà en poste : on comprendra aisément pourquoi.

Aussi les membres du Comité français d’histoire de l’art (CFHA) et de l’Association des professeurs d’archéologie et d’histoire de l’art des universités (APAHAU) ont-ils trouvé dans la publication de ces manuels le meilleur moyen de garder le contrôle d’une discipline dont ils ne cessent de rappeler la spécificité (beaucoup souhaitent la création d’un CAPES ou d’une agrégation d’histoire de l’art).

Reste à savoir si le volume proposé – consacré à l’art du Moyen Âge – est ou non adapté à sa vocation pédagogique. Celle-ci nous paraît d’emblée contrariée par deux faiblesses manifestes de l’ouvrage : l’ambition de servir à la fois les écoliers du secondaire et les étudiants du supérieur, et la compacité d’un texte se refusant au schématisme et au développement progressif, nécessités premières de l’entreprise pédagogique. Nous reviendrons plus avant sur cette question dans le JdA de la rentrée, le temps pour les écoliers de reprendre leur souffle et pour Flammarion de sortir son propre manuel, annoncé pour la fin du mois d’août…