Architecture - Livre - Photographie

Felix Arabia, entre tourisme et ethnographie

Par Bérénice Geoffroy-Schneiter · Le Journal des Arts

Le 1 décembre 1996 - 386 mots

En cette fin d’année, albums de photographie ou livres d’architecture consacrés à l’Arabie se taillent la part du lion. Mais les intentions des éditeurs divergent. À côté du très sérieux mais austère ouvrage sur les maisons de Sanaa publié par le CNRS, l’Imprimerie nationale et les éditions Arthaud jouent sur la séduction... et entretiennent la confusion des genres !

Un livre épais de près de 650 pages, un méchant papier, des photographies "de terrain", mais un texte, ou plutôt une enquête, méticuleuse et passionnante, telles sont les caractéristiques de l’imposant ouvrage que les éditions du CNRS consacrent à l’architecture domestique de Sanaa, la capitale du Yémen. Le propos s’avère résolument ethnologique, limitant son champ de recherche aux maisons-tours comprises à l’intérieur des remparts. Véritable "réceptacle de signes" chantant la vie et la fécondité, proclamant une hiérarchie de la gloire et de l’honneur au sein d’une dialectique de l’humain et du divin, la maison yéménite exprime de façon idéale tout un système de valeurs, celui que prônait l’imam avant la révolution de 1962...

Hésitations
Sous l’objectif du photographe Thierry Mauger, l’intention semble identique : dresser l’inventaire d’un répertoire de formes architecturales pour dégager la symbolique qui s’y rattache. À la verticalité des demeures yéménites, s’oppose ici l’horizontalité des façades des maisons d’Arabie Saoudite étirant leurs bandes de couleurs acidulées au cœur de la région du ‘Asîr. Enquête ethnologique ? Album de photographies ? Manuel de décoration ? L’ouvrage de Thierry Mauger semble hésiter entre ces trois partis pris... En revanche, c’est bien à une invitation au voyage que nous convient les deux ouvrages publiés par l’Imprimerie nationale : La Route de l’Encens déroulée comme un fil d’Ariane sous l’objectif des Maréchaux, qui retrouvent là encore la complicité des commentaires de l’ethnologue Dominique Champault, et Fès immobile, immortelle, surprise dans son intimité par les cadrages savants de Bruno Barbey (de l’agence Magnum) et les confessions poétiques de Tahar Ben Jelloun...

- Sanaa, Architecture domestique et société, coordonné par Paul Bonnenfant, éditions du CNRS, 920 F.
- Tableaux d’Arabie, texte et photographies de Thierry Mauger, éditions Arthaud, 295 F.
- La Route de l’Encens, texte de Dominique Champault, photographies de Pascal et Maria Maréchaux, Imprimerie nationale, 450 F.
- Fès, Immobile, Immortelle, textes de Tahar Ben Jelloun et de Mohamed Bennouna, photographies de Bruno Barbey, Imprimerie nationale, 450 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°31 du 1 décembre 1996, avec le titre suivant : Felix Arabia

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