Comprendre Prague

Une capitale magique

Par Jean-Christophe Castelain · L'ŒIL

Le 1 mars 2006 - 372 mots

Il faut être un peu géologue pour bien comprendre Prague. Fondements romans, voûtes gothiques, façades Renaissance, baroque ou rococo, styles historicisants du XIXe, constructions sécessionnistes… Markéta Theinhardt, l’auteure de ce nouvel opus Citadelles & Mazenod sur les grandes villes d’art, souligne avec raison l’empilement des couches artistiques dans la capitale de la Bohême.
C’est que la ville s’est d’abord façonnée au rythme des changements de pouvoirs et des sphères d’influence. Membre du Saint Empire romain germanique, avant d’entrer dans le giron autrichien sous les Habsbourg, Prague ne devient brièvement la capitale d’une nation souveraine qu’en 1918. L’histoire contemporaine est mieux connue. Tentative de germanisation par les nazis, puis les années sombres derrière le rideau de fer avant la révolution de velours de 1989 qui ramène Prague dans l’histoire européenne occidentale.
Les luttes religieuses ont aussi laissé leurs strates. La reconquête catholique du XVIIe après les révoltes hussites (des réformateurs religieux) et la vague luthérienne, est intimement liée au style baroque qui s’impose en premier lieu aux touristes. Sans oublier les juifs, accueillis parfois avec bienveillance mais le plus souvent ostracisés ou victimes de pogroms.
Cette accumulation culturelle n’est pas toujours bien lisible pour les visiteurs. Ainsi en est-il du fameux pont Charles, qui traverse la Vitava. Construit en pleine période gothique, il est orné de sculptures baroques. De même, couronnant un long éperon qui surplombe le fleuve et les toits rouges de la Mala Strana, le château de Prague traverse plusieurs siècles de constructions. Chaque souverain y a laissé son empreinte. Dès lors, un découpage historique s’imposait naturellement pour raconter cette ville si riche.

Un guide de voyage ?
L’ouvrage, comme d’habitude dans cette collection, est servi par de superbes illustrations des sites, des monuments et des œuvres. Un livre imposant que l’on n’a certainement pas envie d’emporter en voyage. D’autant que les textes sont denses et pour tout dire un peu touffus. Le livre manque de praticité.
Des cartes et encadrés seraient bienvenus pour en faciliter la lecture. Ce n’est évidemment pas un guide de voyage, aussi on a presque envie de recommander à nos lecteurs de lire le Guide vert avant de creuser dans cette somme.

Prague, Citadelles & Mazenod, sous la dir. de Markéta Theinhardt, 2005, 495 p., 199 €.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°578 du 1 mars 2006, avec le titre suivant : Comprendre Prague

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