Collectif, Frida Kahlo, ses photos

Dans l’intimité de Frida Kahlo Rivera

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 28 octobre 2010 - 397 mots

ALBUM PHOTO. Voilà un livre de photographies bien étonnant, capable de réunir quelques jolis noms du genre, comme Edward Weston, Martin Munkácsi, Tina Modotti ou Manuel Á?lvarez Bravo, sans ne jamais s’intéresser à leurs œuvres et, qui plus est, en les mettant sur le même plan qu’une foultitude d’autres images anonymes, anecdotiques, souvent écornées, a priori sans intérêt…

Non pas que cet ouvrage rate sa cible, mais son véritable sujet se situe ailleurs : ouvrir la porte des archives personnelles de Frida Kahlo, qui dormaient dans « la salle de bains » de la Maison bleue de Coyoacán, où l’artiste a vécu, depuis le décès du peintre Diego Rivera en 1957.

C’est Diego Rivera qui avait rassemblé ces archives à la disparition de son épouse en 1954, dont, dit-on, près de six mille photographies. Le fresquiste mexicain avait expressément demandé que celles-ci ne soient rendues publiques que quinze ans après sa propre mort, survenue en 1957, et pas avant. Elles l’ont été selon son souhait, mais bien plus tard, en 2007, pour l’exposition qui a célébré, à Mexico, le centenaire de la naissance de Frida Kahlo, les malles n’ayant dévoilé leurs secrets qu’en 2004.

En France, ce sont les éditions Images en manœuvres qui, les premières, divulguent plus de quatre cents de ces images intimes. Dans ce livre défilent, en noir et blanc et dans une qualité d’impression irréprochable, les bonheurs familiaux (portraits endimanchés, réunions de famille…) ainsi que les parties de camaraderie (déjeuners sur l’herbe, facéties d’amis…). Des moments plus douloureux viennent parfois casser la quiétude de cet album, comme ceux qui figent en 1940, à travers l’objectif du photographe et amant Nickolas Muray, une Frida Kahlo meurtrie sur son lit d’hôpital, les traits tirés par la traction qui redresse sa colonne vertébrale.

Aujourd’hui peut ainsi commencer une nouvelle étude de la vie et de l’œuvre de Frida, dont il va falloir démêler le vrai de la légende. Un jour peut-être en saura-t-on davantage sur son père, photographe allemand naturalisé mexicain en 1894, dont elle a vraisemblablement hérité du goût pour l’autoportrait… Sur sa manière d’intégrer la photo dans sa peinture, à l’instar d’un Bacon… Comme sur l’identité de ces deux soldats dont on ne sait rien, à l’exception du fait que Frida les a couverts du rouge à lèvres de ses baisers.

Collectif, Frida Kahlo, ses photos, Images en manœuvres éditions, 496 p., 32 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°629 du 1 novembre 2010, avec le titre suivant : Collectif, <em>Frida Kahlo, ses photos</em>

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