Cindy Sherman : clowns

L'ŒIL

Le 1 décembre 2004 - 250 mots

« Je voulais créer de nouveaux personnages forts qui aient un aspect odieux ou laid, mais qui soient également pathétiques, en proie à un sentiment latent de tristesse, alors même qu’ils tentent de faire rire. Les clowns sont tristes, mais manifestent une joie hystérique, psychotique. » Inlassablement, mais toujours avec surprise, Cindy Sherman continue sa quête sur l’identité. Depuis trente ans, elle se met en scène exclusivement en pastichant les films made in Hollywood, les clichés de la mode, les contes de fées ou les stéréotypes sexistes. Fascinée par les clowns, ce qu’elle préfère c’est deviner qui se cache sous leurs masques. Sont-ils alcooliques ou pédophiles ? Résultat un petit livre, un petit théâtre en dix-huit images, une mise en scène de nos comportements des petits tics de la vie et de nos attitudes à travers ces personnages. Avec un masque, on peut presque tout faire, tout jouer, car le clown est là pour faire rire ou pleurer et se cacher derrière ces couches de rires ou de tristesse. Une plongée dans un monde qui fait toujours rêver et qui fascine l’art contemporain (Ugo Rondinone, Bruce Nauman ou Paul McCarthy) mais cette fois-ci, grande première dans l’œuvre de Sherman : le maquillage a fait place à l’ordinateur, elle se grime avec Photoshop. Nous ne sommes pas si loin des abstractions numériques de Thomas Ruff, avec sa série Substrat. De clown à clone, il n’y a qu’un pas qu’elle franchit.

Cindy Sherman : clowns, éd Schirmer/Mosel, texte anglais/allemand, 60 p., 36,95 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°564 du 1 décembre 2004, avec le titre suivant : Cindy Sherman : clowns

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