Charles Jones

L'ŒIL

Le 1 décembre 1999 - 253 mots

Longtemps Charles Jones fut un parfait inconnu pour l’histoire de la photographie. Né en Angleterre en 1866, jardinier de son état dans les années 1890-1910, il meurt à l’âge de 92 ans en 1959.

Le personnage semblait avoir définitivement refusé tous les avantages de la société moderne. Ne vivait-il pas sans électricité ni eau courante vers la fin de sa vie ? Exilé victorien en plein XXe siècle, Charles Jones fut pourtant l’auteur d’une œuvre photographique d’une incroyable modernité. Sa redécouverte débute un matin de mars 1981 sur le marché aux antiquités de Bermondsey à Londres. Comme souvent, Sean Sexton, historien de la photographie, explore les vieilles caisses exposées sur le trottoir. Et là, au milieu de ce fatras, une malle avec des centaines de photographies de plantes. Concombres, navets, petits pois, aubergines sont présentés sobrement dans de magnifiques tirages où l’austérité de la composition présente les plantes dans la beauté de leur dénuement. Sa vision naturaliste est alors en totale contradiction avec les canons esthétiques défendus par les photographes de l’époque, souvent inspirés par la peinture (James Valentine), ou obnubilés par le besoin de produire des modèles pour l’industrie des arts décoratifs (Charles Aubry et Adolphe Braun). La vision de Charles Jones préfigure par bien des aspects (gros plan, temps de pose prolongé) une vision moderniste que l’on rencontrera ensuite chez Paul Outerbridge, Albert Renger-Patzsch et Edward Weston.

Sean Sexton et Robert Flynn Johnson, Charles Jones, le royaume des plantes, éd. Thames & Hudson, 128 p., 117 ill., 195 F, ISBN 2-87811-171-0.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°512 du 1 décembre 1999, avec le titre suivant : Charles Jones

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