Portrait télévisuel

Bill Viola en toute intimité

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 5 décembre 2003 - 370 mots

Pour Arte, Mark Kidel signe le premier portrait télévisuel du vidéaste Bill Viola, lequel, pour l’occasion, a offert un accès illimité à ses archives personnelles. Un film événement qui retrace trente années de création vidéo.

Star incontournable de l’art vidéo, Bill Viola s’est confié au réalisateur Mark Kidel, qui l’a suivi pendant près de trois ans. Il l’a accompagné dans des lieux qui revêtent pour l’artiste une importance particulière, comme le désert californien, un gazomètre de la Ruhr près duquel est installée l’une de ses créations, ou encore la basilique d’Assise, où se déploient des fresques de Giotto. Viola aime à rappeler sa fascination pour l’art de la Renaissance italienne. En témoigne sa série sur La Passion, où il explore notre rapport à l’autre. En donnant la parole à l’artiste, le documentaire permet de cerner tous les aspects de son œuvre, entamée dans les années 1970. À travers de simples projections ou des installations multimédia particulièrement complexes, Viola réexamine les questions universelles existentielles, touchant simultanément au plus intime. Avec Silent Life, il étudie les visages des nouveaux-nés et s’interroge sur la première lumière que perçoit l’être humain, tandis que I Do not Know What it is That I am Like (1986) évoque « notre incapacité à être l’autre ». Dans son diptyque Heaven and Earth, particulièrement troublant, il confronte des images de sa mère plongée dans un coma irréversible avec une vidéo de son fils enfant, et médite très librement sur le cycle de la vie et de la mort. Un principe qu’il reprendra pour un triptyque, alternant cette fois-ci les images d’un accouchement, d’un homme qui flotte dans l’eau et de sa mère mourante. Bill Viola révèle également ses méthodes de travail et entraîne le spectateur sur un véritable plateau de cinéma. Ses œuvres récentes, de plus en plus sophistiquées, exigent en effet des décors, des acteurs, des costumes… bref, une équipe de tournage. À la fois réalisateur et producteur, Viola tourne encore une scène résolument mystique – le Christ mort sort d’un caveau rempli d’eau – avant que ne s’achève le film de son œuvre...

Bill Viola, documentaire de Mark Kidel (60 min, 2003), diffusé dans « Profils », le vendredi 12 décembre, à 23 h 15, sur Arte.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°182 du 5 décembre 2003, avec le titre suivant : Bill Viola en toute intimité

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