Livre

Au commencement était le verbe acquérir

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 20 décembre 2021 - 397 mots

Conserver, restaurer, étudier et diffuser sont les maîtres mots de tout musée digne de ce nom. Mais il est un autre verbe – une autre action –, moins médiatique, qui conditionne pourtant tous les autres : « acquérir ».

Acquérir, c’est le titre donné à l’ouvrage édité aujourd’hui par le Musée des beaux-arts de Lyon en coédition avec les Éditions El Viso. Né de l’exposition « Dix ans d’acquisitions, dix ans de passions », un parcours en 580 œuvres des collections lyonnaises, cet imposant catalogue des collections retrace en plus de cinq cents pages plus de quinze années d’acquisitions (achats, dons, legs…), de 2004 (date d’arrivée de Sylvie Ramond à la direction du musée) à 2021. Derrière ce verbe et ce titre se raconte donc l’histoire récente de l’institution, comme son ambition : rayonner en France et à l’international. Se racontent aussi ses choix : « ACQUÉRIR, c’est réagir à des œuvres qui se présentent et qui viennent enrichir le sens des collections. ACQUÉRIR, c’est décider quels domaines de l’histoire de l’art il convient de renforcer […]. ACQUÉRIR, c’est également venir troubler une histoire de l’art, trop souvent établie sur des catégories figées […]. ACQUÉRIR, c’est enfin une manière de penser les temporalités de la création, garder un fil continu de l’Antiquité jusqu’à la création contemporaine », écrit, avec un sens programmatique de l’anaphore, Sylvie Ramond. Étourdissant, le volume qui en résulte passe en revue les acquisitions les plus spectaculaires (La Fuite en Égypte, de Poussin, « trésor national » acquis en 2008) comme les plus discrètes (le dépôt, la même année, d’un morceau de bandelette d’une momie égyptienne). Par son approche chronologique, il raconte aussi une histoire du goût, du legs du Bas-relief funéraire au nom de Malikou (Syrie, Palmyre, IIe siècle) à l’achat de Tombe d’Erik Dietman (1992). Mais plus encore, il rend hommage à tous ceux sans qui le musée ne fonctionnerait pas : les conservateurs et les commissaires d’expositions bien sûr, mais aussi les mécènes (particuliers ou entreprises) réunis au sein d’un Club et d’un Cercle, les généreux donateurs, les Amis du musée, les pouvoirs publics… tous cités dans le livre. « C’est une histoire comme en écrivent parfois les musées : une histoire où collections, expositions, légataires, collectionneurs, conservateurs et historiens de l’art universitaires se rencontrent, pour le meilleur », écrit Pierre Wat dans le chapitre sur Étienne-Martin, dont il fut commissaire de l’exposition en 2012. Rien que pour le meilleur !

Acquérir, de Palmyre à Pierre Soulages,
MBA de Lyon, Éditions El Viso, 504 p., 38 €.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°750 du 1 janvier 2022, avec le titre suivant : Au commencement était le verbe acquérir

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