Billet d'humeur

Vendeurs-experts ?

Le Journal des Arts

Le 26 octobre 2001 - 368 mots

Une importante réunion s’est tenue le 17 octobre à Drouot-Montaigne où étaient rassemblés les membres de la Confédération européenne des experts d’art.

Objet de la réunion ? L’agrément des experts par le Conseil des ventes volontaires de meubles aux enchères publiques.

Au cours des débats, plusieurs questions portèrent sur l’article 11 de la loi en vertu duquel « le prix de réserve est le prix minimum arrêté avec le vendeur au-dessous duquel le bien ne peut-être vendu. Si le bien a été estimé, ce prix ne peut être fixé à un montant supérieur à l’estimation la plus basse figurant dans la publicité, ou annoncée publiquement par la personne qui procède à  la vente et consignée au procès-verbal ».

On déduira de ce texte que le prix de réserve n’a pas le droit d’être supérieur à l’estimation basse inscrite au catalogue.

Personne n’ignore cependant la pratique trop courante des vendeurs qui, au dernier moment, et souvent sans en référer à l’expert, augmentent malgré les conventions leur prix de réserve.
Une chose est claire : la loi interdit désormais cette pratique préjudiciable à la transparence des enchères. Qu’en pense Me Champin, président du Conseil de ventes, interrogé sur le dilemme ? Le vendeur a le droit, selon lui, à tout moment jusqu’à la vente, de modifier son prix de réserve. Il suffira donc au moment de la vacation d’annoncer que l’estimation a changé et de l’inscrire au procès-verbal. Tollé dans la salle…

La loi interdit de dépasser l’estimation ? La méthode est simple, vous augmentez l’estimation ! Il suffisait d’y penser. La loi impose bien l’estimation-réserve mais laissera le client disposer d’une réserve-estimation ! Soyez raisonnables messieurs les experts et laissez vos clients établir eux-mêmes l’estimation, cela est tellement plus pratique pour tout le monde, nous dit-on. Vous venez simplement d’assister à la naissance d’un nouveau type de vendeur, le vendeur-expert.
Il vous suffit donc de passer sur ce déni de votre science, de votre rôle et de votre fierté professionnelle. Presque rien en somme !

Grave question de principe sur laquelle il me semble essentiel de s’interroger : comment serons-nous amenés à appliquer cet article particulier de la nouvelle loi ? J’aimerais espérer que ce sera selon son esprit.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°135 du 26 octobre 2001, avec le titre suivant : Vendeurs-experts ?

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