Vaniteuse céramique

La cote de ses sculptures, initialement connues d’un petit cercle d’amateurs, est passée de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros en vente publique depuis deux ans.
Parmi les dix-neuf pièces à affronter le feu des enchères, Colonne Pape est estimée très raisonnablement à 6 000 euros. À la suite de Vélasquez portraiturant les chefs de l’Église catholique, mais aussi après lui, de Francis Bacon irradiant le pape Innocent X ; de Maurizio Catalan avec sa scandaleuse Nona Ora ; de Giacomo Manzu et ses cardinaux ou encore de Damien Hirst avec son célèbre crâne incrusté de diamants, Bayle s’inscrit dans cette longue lignée des artistes inspirés par le pape, la mort et la vanité.
« Ce pape stylite de Pierre Bayle, au crâne aux traits déformés et ciselés avec nervosité, est aussi puissant que les représentations de vanités de ses prédécesseurs, assure Alexandra Jaffré de la maison Camard. Cette œuvre extraordinaire est à considérer comme une étape majeure dans l’acceptation de la céramique en tant qu’art dit “majeur”, à l’égal de la peinture, de la sculpture ou de l’architecture. »