Une statue rentre au pays

Les objets retrouvés par l’ICOM

Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1996 - 532 mots

Une statue Bété-Gouro, volée dans les collections du Musée national d’Abidjan lors d’une exposition itinérante en Europe, en 1979, et vendue dix ans plus tard chez Me Guy Loudmer au marchand d’art contemporain Paul Nahon, a été restituée à l’ambassadeur de Côte-d’Ivoire à Paris, le 6 décembre.

PARIS - "Il s’agit d’un événement exceptionnel : la restitution au patrimoine culturel de notre pays d’une pièce unique, représentative de la mémoire de tout un peuple",  a déclaré l’ambassadeur de Côte-d’Ivoire à Paris, Eugène Aïdara.

En bois noir, représentant un personnage masculin aux cheveux tressés, la statue avait été présentée chez Me Loudmer en 1989, munie d’un certificat ivoirien d’exportation en bonne et due forme, dont l’authenticité ne faisait aucun doute pour le commissaire-priseur, et avait été achetée par Paul Nahon.

C’est seulement en décembre 1992, lorsque Paul Nahon voulut remettre sa statue, estimée entre 200 000 et 300 000 francs, en vente chez le même commissaire-priseur, que le certificat a été dénoncé comme un faux à l’Icom (Conseil international des musées) par les autorités ivoiriennes. La statue a ensuite été saisie par l’Office central pour la répression du vol d’œuvres et d’objets d’art (OCRVOOA) sur une plainte du ministre de la Culture de Côte-d’Ivoire, Zadi Zahourou, et gardée, jusqu’à sa restitution le 6 décembre, par l’Icom.

Un oiseau de cimetière
Paul Nahon, qui avait assigné l’État ivoirien en justice dans l’espoir de récupérer la statue, a finalement accepté de la restituer gracieusement. L’œuvre a été reproduite à la page 50 du livre Cent objets disparus – Pillage en Afrique,  édité en septembre 1994 par l’Icom.
 
La statue Bété-Gouro n’est que la dernière d’une série d’objets d’art volés identifiés grâce à l’Icom. Au dernier Salon de Mars à Paris, deux objets ont été saisis – une statuette Bankoni du Mali, qui n’a pas encore été restituée, sur le stand de la galerie Antoine de Galbert de Nice, et une statuette malgache dite Sakalava, ou oiseau de cimetière,  proposée à 35 000 francs chez le galeriste parisien Alain de Monbrison (voir le JdA n° 14, mai 1995). Rendue à l’ambassade de Madagascar à Paris le 3 mai, la statuette malgache, qui avait été volée dans une fouille, est aujourd’hui retournée dans son pays.
 
Six autres statuettes de cimetière de Madagascar saisies sur le stand de la galerie Grusenmeyer, de Gand, à la Foire des antiquaires de Belgique à Bruxelles, en janvier, attendent d’être rendues aux autorités malgaches.
 
Quatre objets khmers, reproduits dans Pillage à Angkor, autre publication de l’Icom, ont également été retrouvés (voir le JdA n° 9, décembre 1994) : une statue de déesse, rendue à l’ambassade du Cambodge le 4 décembre 1993 par l’antiquaire parisien Jean-Michel Beurdeley, ainsi que trois pièces dont la restitution est encore attendue : un torse de déesse, adjugé 63 250 dollars (soit, à l’époque, environ 343 000 francs) à un acheteur suisse, chez Sotheby’s New York le 2 juin 1992, une tête de statue de Brahma du XIe siècle, vendue par Sotheby’s à Londres le 21 octobre 1993,  et une tête de Siva du Xe siècle, du temple de Phnom Krom à Angkor, retrouvée en mars 1994 au Metropolitan Museum of Art de New York.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°21 du 1 janvier 1996, avec le titre suivant : Une statue rentre au pays

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