Galerie

Art abstrait géométrique

Une collection Kouro d’avance

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 29 mars 2017 - 449 mots

PARIS

Trois galeries présentent la collection de Jack Kouro, ami d’Herbin qui lui fit découvrir l’avant-garde abstraite.

 Auguste Herbin, Composition, 1940, huile sur toile, 130 x 81 cm.
Auguste Herbin, Composition, 1940, huile sur toile, 130 x 81 cm.

PARIS - On dirait un sketch entre Pierre Dac et Francis Blanche. Il s’agit en fait d’une conversation entre Auguste Herbin et Jack Kouro enregistrée au domicile de ce dernier le 21 décembre 1957, soit un mois avant la mort de l’artiste. Cet entretien est un moment fort de l’exposition « Art abstrait géométrique : des origines aux Réalités nouvelles. Autour de la collection Kouro », présentée par les galeries, désormais duettistes, Le Minotaure et Alain Le Gaillard – lesquelles collaborent parfois avec d’autres confrères, tel ici Jean-François Cazeau (ils étaient cinq l’an passé pour l’artiste Judit Reigl).

Selon les termes mêmes de Benoît Sapiro (fondateur du Minotaure), « l’exposition est construite autour de deux histoires, la petite et la grande ». La petite histoire est celle de Jack Kouro, Polonais émigré en France au début des années 1920, qui crée une fabrique de chapeaux dans le Marais. Sa femme, Dora, également chapelière, mais rue Monge, dans le 5e arrondissement, est voisine de l’épicière Mme Closon qui n’est autre que l’épouse de Henri-Jean Closon, pionnier de l’abstraction belge. Kouro commence à acheter des œuvres de Closon, qui lui présente Frantisek Kupka, Étienne Béothy et surtout Auguste Herbin. Il se passionne pour Herbin et devient son plus grand collectionneur jusqu’à la fin de la vie de l’artiste, au point de couvrir quasiment toutes ses périodes, aussi bien figurative qu’impressionniste, fauve, cubiste.

Rien d’étonnant donc à ce que le fil souvent rouge ici soit constitué par des œuvres d’Herbin, depuis un surprenant triptyque de 1919 très Art déco jusqu’à une merveilleuse illustration de sa méthode pour l’alphabet plastique avec trois états, trois œuvres de 1947 sur le même sujet – un dessin au crayon : Étude pour « Blé », une gouache sur papier Blé 1 et une huile sur toile Blé. Une leçon.

La grande histoire, elle, concerne celle de l’art. Car aux côtés d’Herbin, Kouro a collectionné Kupka et Béothy donc, mais aussi Fernand Léger, Jean Hélion… et d’autres moins connus tels Carl Buchheister ou Nicolaas Warb (l’une des rares femmes à participer à l’aventure de l’art abstrait), dont on découvre ici des œuvres jamais montrées. Et pour élargir cette sélection composée d’environ 60 pièces (affichées de 12 000 à 3 millions d’euros pour le Léger) issues de la collection Kouro, Sapiro et Le Gaillard en ont extrait une vingtaine d’autres de leur collection respective et dix encore de collections privées (dont un Robert Delaunay). Avec la volonté de montrer l’art abstrait géométrique de ses origines jusqu’au Salon des réalités nouvelles et ses dernières émanations dans les années 1960. Une tout autre histoire.

ART ABSTRAIT GÉOMÉTRIQUE. DES ORIGINES AUX RÉALITÉS NOUVELLES. AUTOUR DE LA COLLECTION KOURO


Jusqu’au 22 avril, Galeries Alain Le Gaillard, 19, rue Mazarine, 75006 Paris ; Le Minotaure, 2, rue des Beaux-Arts, 75006 ; Jean-François Cazeau, 8, rue Sainte-Anastase, 75003.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°476 du 31 mars 2017, avec le titre suivant : Une collection Kouro d’avance

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